Législatives: une participation en hausse attendue, "c'est l'avenir de nos enfants qui est en jeu"

La campage des élections législatives est officiellement lancée, ce lundi. L'ensemble des candidats sont connus pour les 577 circonscriptions. Et l'heure est au tractage. En comparaison avec l'année 2022, ce scrutin devrait provoquer l'intérêt d'un bon nombre d'électeurs. D'après un sondage Ifop publié dans le JDD, le taux de participation est en effet estimé à 63% pour le premier tour des législatives. Soit 15 points de plus par rapport aux derniers législatives.
Au lendemain de l'annonce d'Emmanuel Macron de la dissolution de l'Assemblée nationale, cet élan s'était déjà fait sentir. 63.143 demandes de procuration avaient été validées par le ministère de l'Intérieur.
Un scrutin historique
Si les abstentionnistes sont prêts à s'investir dans cette élection, c'est notamment à la suite du score réalisé par le Rassemblement national lors des élections européennes.
Certains électeurs ne s'étant pas manifesté pour ce scrutin entendent d'ailleurs le faire pour les législatives, comme Jade. "Je m'en veux un peu de ne pas avoir participé", confie-t-elle au micro de RMC. "Vu les résultats des élections européennes, c'est vrai que ça commence à me faire un peu peur", ajoute-t-elle.
Le RN est d'ailleurs ce qui pousse souvent les électeurs à se rendre aux urnes le 30 juin. Pour "faire barrière", d'abord. "Le dimanche soir, on se prend toujours une claque, on se dit 'ah si j'avais su'. J'aurais peut-être motiver plus de gens à voter", confie une électrice. D'autres voient là l'aspect historique de ce scrutin.
"C'est vraiment l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants qui est en jeu donc c'est pour cela qu'ils vont davantage aller voter", indique une autre.
Des élections "imprédictibles"
Cette dramatisation est d'ailleurs ce qui permet un regain d'intérêt chez les électeurs, d'après Benjamin Morel. Le politologue et maître de conférence à l'université Panthéon-Assas rappelle que les enquêtes établissent que la plupart des seconds tours devraient opposer le RN et la gauche.
"On voit qu'on a une tension qui monte tout de même sur l'enjeu de ces élections et qu'elle ne fera que croître. Les électeurs se déplacent quand ils pensent qu'il y a un enjeu, donc tout ça mène à une surmobilisation, rendant encore un peu plus illisible et imprédictible ce scrutin", ajoute l'expert.
Certaines personnalités n'hésitent pas non plus à appeler au vote, notamment dans le monde du sport, comme Kylian Mbappé qui appelle à "voter contre les extrêmes" et le journal L'Equipe qui publie une tribune contre l'extrême droite signée par 160 sportifs.
La hausse de la participation n'est donc pas étonnante pour Anne-Charlène Bezzina, qui rappelle que le contexte de ces législatives est particulier. "Il faut rappeler qu'on est dans des élections qui suivent une dissolution et c'est généralement une période de choc. On a des contextes d'alliance qui viennent en quelque sorte créer une forme d'angoisse et intéresser à la démocratie", analyse-t-elle.
Difficile toutefois de dire à qui profiterait ce regain d'intérêt. Les élections européennes ont déjà démontré que la légère hausse de participation avait profité au RN, mais les législatives sont différentes et s'opérent dans un cadre profondément local. Les couleurs de l'hémicycle sont donc plus qu'incertaines.