Les partenaires sociaux reçus à Matignon, mais sans le Premier ministre Michel Barnier

Drapeaux de la CGT, de FO et de la CFDT - SEBASTIEN BOZON / AFP
Retraites, assurance chômage, pouvoir d'achat... Avec des dossiers sociaux urgents, syndicats et organisations patronales sont dans les starting-blocks pour rencontrer le nouveau Premier ministre Michel Barnier, dans l'attente d'une éventuelle conférence sociale.
Pour l'heure, alors que la constitution du gouvernement se fait attendre, c'est son directeur de cabinet Jérôme Fournel, qui a lancé une série d'entretiens, à commencer lundi par la CFDT, qui a évoqué une simple "étape" avant un rendez-vous "le plus vite possible" avec le chef du gouvernement.
Selon plusieurs syndicats, le directeur de cabinet a promis une rencontre avec le Premier ministre issu de LR entre la formation du gouvernement et son discours de politique générale prévu "début octobre", sans en préciser le format - bilatéral ou intersyndical -.
Pas de réponse concrète à ce stade
Si à son arrivée à Matignon début septembre, Michel Barnier a affirmé qu'il fallait "respecter et prendre en compte les partenaires sociaux", un responsable syndical relève que "c'est la première fois que Matignon met tant de temps à se manifester" auprès d'eux, le premier contact se faisant "en général" au lendemain de la nomination.
Reçue mardi matin, la CGT a fait sa "liste de courses" des revendications, notamment "l'abrogation de la réforme des retraites", l'éducation, l'hôpital ou encore l'assurance chômage dont les règles ne courent que jusqu'à fin octobre, sans qu'une éventuelle conférence sociale ne soit évoquée.
Mais "à part l'engagement de discuter avec nous" et d'être "très à l'écoute", "nous n'avons pas eu de réponses à ce stade", a précisé Denis Gravouil, un des cadres de la centrale de Montreuil. Cyril Chabanier (CFTC) a évoqué de son côté un "tour d'horizon" des "sujets clés" que sont la réforme des retraites, l'assurance chômage, le pouvoir d'achat ou encore le budget.
Si le cabinet du Premier ministre s'est peu avancé sur ces dossiers, M. Chabanier affirme sur les retraites avoir "compris indirectement qu'il y avait peu de chance que ce soit suspendu ou encore abrogé". Michel Barnier a dit début septembre vouloir "ouvrir le débat" pour une "amélioration" de la réforme controversée sans pour autant "tout remettre en cause".
"Choix cornéliens"
Comme les autres, Solidaires s'est dite mardi "en attente" de la formation d'un nouveau gouvernement. Le syndicat non représentatif au niveau national, qui n'avait pas été invité par Matignon, note qu'"au début de l'ère Macron il y avait un côté +on reçoit tout le monde parce que pour nous le dialogue c'est important+. Ca s'est un peu effiloché au fur et à mesure".
Murielle Guilbert, co-déléguée de l'organisation estime qu'avec "le flou" qui règne en l'absence de gouvernement, la journée de mobilisation programmée le 1er octobre, à l'appel de la CGT, FSU et Solidaires pour que les "urgences sociales" soient entendues, a "toute sa légitimité". Mais, a-t-elle admis, "ce flou impacte aussi sur les capacités de mobilisation pour l'instant".
Côté patronal, le Medef, qui a dit attendre des décisions "réalistes" de la part du nouveau Premier ministre, devait être reçu mardi, la CPME (petites et moyennes entreprises) et l'U2P, qui représente les entreprises de proximité, mercredi.
Les présidents de ces dernières, François Asselin et Michel Picon, ont chacun annoncé mardi, lors d’un petit déjeuner de l’Association des Journalistes PME, qu’ils demanderaient la poursuite de la politique de l’offre menée depuis 2017, "sans déstabiliser le tissu économique avec des aventures fiscales qui peuvent tuer toute envie d’entreprendre", a précisé M. Asselin.
Le président de la CPME a cependant prédit au Premier ministre "des choix historiquement cornéliens". Face à un pays "aussi fracturé que le Parlement", M. Picon demande pour sa part "un big bang de la protection sociale". Les entreprises, et particulièrement celles de proximité, "ne pouvant aller plus loin" en termes de salaires, il propose, pour "rapprocher le net du brut" de financer autrement une partie de la protection sociale.
"Il y a une multitude de possibilités", a-t-il dit, citant "la TVA sociale, une augmentation de CSG ou un revisitage des droits de succession", mais "c’est aux politiques d’arbitrer".