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Emmanuel Macron veut une "contribution exceptionnelle" des entreprises qui réalisent de gros profits

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Le président de la République Emmanuel Macron a appelé les entreprises réalisant de gros profits à redistribuer davantage aux salariés, taclant au passage le cynisme de certaines sociétés qui utilisent leurs bénéfices pour racheter des actions et soutenir leurs cours en bourse.

Emmanuel Macron a appelé les entreprises réalisant de grands profits à en faire profiter davantage leurs salariés, dénonçant "un peu de cynisme" chez certaines entreprises réalisant des profits. "Il y a quand même un peu un cynisme à l'œuvre, quand on a des grandes entreprises qui font des revenus tellement exceptionnels qu'ils en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions", a assuré ce mercredi le président de la République sur TF1 et France 2.

"Je vais demander au gouvernement de travailler à une contribution exceptionnelle pour que leurs travailleurs puissent en profiter. Il faut trouver la bonne technique, qu'ils distribuent davantage à leurs salariés", a promis le chef de l'Etat.

Mais ce n'est "pas une taxation des superprofits", a-t-il défendu. Cette taxation des "superprofits", Emmanuel Macron a estimé l'avoir déjà mise en place pour les énergéticiens, "ce qui permet de financer le bouclier tarifaire face à l'augmentation de l'énergie".

23,7 milliards d'euros pour le rachat d'actions

Outre les dividendes, de plus en plus d'entreprises choisissent de racheter leurs propres actions, une opération destinée à soutenir le cours en Bourse. Les entreprises françaises du CAC 40 ont dégagé en 2022 plus de 142 milliards d'euros de bénéfices cumulés grâce aux records du luxe et de l'énergie, bénéficiant de l'inflation et de la crise énergétique, augurant une année faste pour les actionnaires.

En 2022, déjà, les entreprises du CAC 40 ont racheté pour 23,7 milliards d'euros d'actions, selon la lettre financière Vernimmen.

TotalEnergies prévoit de débourser deux milliards de dollars au premier trimestre 2023 pour des rachats d'actions, soit autant que ce que le groupe a versé au titre d'une taxe sur les superprofits dans l'UE et au Royaume-Uni. Le groupe automobile Stellantis veut dépenser 1,5 milliard en rachats d'actions et verser 4,2 milliards d'euros de dividendes, tout en déboursant 2 milliards en primes pour ses salariés.

90% du bénéfice net de la Société générale pour ses actionnaires

Les banques françaises ont aussi été particulièrement généreuses avec leurs actionnaires. BNP Paribas souhaite consacrer 5 milliards d'euros à un programme de rachat d'actions, l'équivalent de la moitié de son bénéfice record de plus de 10 milliards d'euros en 2022. La Société générale a décidé de consacrer l'équivalent de 90% de son bénéfice net à ses actionnaires via un dividende en numéraire et un programme de rachat d'actions.

De son côté, le géant du luxe LVMH va distribuer 400 millions d'euros à ses quelque 39.000 salariés français, dépenser jusqu'à 1,5 milliard d'euros en rachats d'actions et verser quelque 6 milliards d'euros en dividendes aux actionnaires, dont près de 3 milliards reviennent à la famille du PDG Bernard Arnault.

Guillaume Dussourt avec AFP