Michel Barnier nommé Premier ministre: la fin d'une longue attente depuis les élections législatives

Emmanuel Macron aura pris son temps. Finalement, deux mois après les élections législatives anticipées qu'il avait convoquées en dissolvant l'Assemblée nationale, le président de la République a nommé Michel Barnier au poste de Premier ministre, ce jeudi.
Le NFP ne concrétise pas
Le 7 juillet dernier, au soir du second tour des élections, le Nouveau Front populaire renverse le scrutin et termine en tête, avec un total de 178 sièges. Devant l'alliance centrale menée par Gabriel Attal (150 députés) et le Rassemblement national et ses alliés (142).
Victoire pour l'alliance de gauche, formée par La France Insoumise, le Parti socialiste, les Écologistes et le Parti communiste français. Le NFP s'impose comme la première force politique à l'Assemblée nationale et réclame alors Matignon, avec l'objectif de mettre en oeuvre son programme.
Démarre la quête d'un candidat pour le poste de Premier ministre. Mais les partis de gauche doivent trouver un nom qui fasse consensus au sein même de l'alliance. Les négociations sont tendues, les relations se gâtent entre les principales forces de gauche. Après les noms de Laurence Tubiana et Huguette Bello, le NFP se met d'accord. Ce sera finalement Lucie Castets, une haute fonctionnaire engagée pour la défense des services publics, proposée à Emmanuel Macron le 23 juillet, juste avant le début des Jeux Olympiques.
Le chef de l'État écarte directement cette piste, préférant attendre que les JO et l'été passent avant de nommer un nouveau gouvernement. Emmanuel Macron reporte cette décision à la mi-août.
Tout s'accélère fin août, la censure comme principale crainte
C'est le 23 août que les discussions reprennent, mais surtout, s'intensifient. Ce jour-là, le président de la République lancent des consultations avec les différentes forces politiques françaises. Emmanuel Macron s'entretient avec les chefs de chacun d'entre elles.
Alors que le NFP continue de pousser pour un gouvernement mené par Lucie Castets, le chef de l'État écarte de nouveau cette possibilité. Le RN et LR brandissent la menace de la motion de censure en cas de gouvernement de gauche. Emmanuel Macron ne veut pas prendre le risque de nommer un gouvernement qui serait aussitôt censuré. Même chose côté NFP pour un nom issu de l'opposition. L'argument de la censure aura été le principal utilisé par les différents camps politiques tout au long des négociations.
Plusieurs noms sont alors cités par Emmanuel Macron et reviennent dans les discussions. Ceux de François Bayrou et Jean-Louis Borloo sont un temps évoqués. Mais le débat semble se focaliser sur deux personnalités: Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France (LR), et Bernard Cazeneuve, ex-membre du Parti socialiste, Premier ministre sous la présidence de François Hollande.
Barnier devance Cazeneuve et Bertrand au sprint
L'ancien bras droit de François Hollande part avec un certain handicap. Il ne semble soutenu ni à gauche, où les insoumis et les socialistes remettent grandement en cause son statut d'homme de gauche, ni à droite, où RN et LR assurent censurer tout gouvernement issu de la gauche.
Xavier Bertrand fait alors figure de favori, même jusqu'à la veille de la nomination de Michel Barnier. Le président des Hauts-de-France serait censuré par le NFP, mais l'alliance ne regrouperait pas assez de voix. Problème, le RN s'y oppose également, même "prioritairement" assure les cadres du parti. En cause, des relations tendues entre l'ancien Républicain et le Rassemblement national dans le Nord de la France.
Dans la soirée de mercredi, un nouveau nom émerge, celui de Michel Barnier, négociateur de l'Union européenne lors du Brexit et figure des Républicains. Ce jeudi matin, le Rassemblement national semble ouvert, à gauche la solution ne convainc absolument pas.
À 73 ans, Michel Barnier est finalement nommé à Matignon par Emmanuel Macron, jeudi. Il devient le plus vieux Premier ministre de la Ve République et succède au plus jeune, Gabriel Attal. Ministre à plusieurs reprises, Michel Barnier doit désormais former un gouvernement, à qui on promet de nombreux dossiers chauds dans les semaines et mois à venir.