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Michel Barnier opéré d'une lésion cervicale: "La santé de nos politiques, le tabou par excellence"

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Michel Barnier a subi ce week-end une opération pour une lésion cervicale. Les résultats des analyses sont attendus dans la semaine, mais c’est le début d’un feuilleton médical. Et pour l’écrivain et éditeur Arthur Chevallier, la maladie de nos politiques, c’est le tabou par excellence. C’est son avis tranché ce mercredi sur RMC.

La démocratie n’aime pas les malades. On leur souhaite un bon rétablissement, mais on préfère qu’ils s’en aillent. Le pouvoir, c’est pour les gens en pleine forme. C’est ce qui explique qu’en général, nos politiques préfèrent cacher leurs pépins de santé. Ils ont peur qu’on en profite pour les remplacer.

D’ailleurs, la plupart de nos présidents n’ont pas beaucoup communiqué sur leur maladie. Ça a commencé avec Georges Pompidou. À peine élu, on lui diagnostique une leucémie très agressive. Le secret est bien gardé, mais à la télé, tout le monde voit que son visage est boursouflé à cause des corticoïdes. Il a l’air d’un malade épuisé. Il avoue sa leucémie seulement un mois avant sa mort.

François Mitterrand fait la même chose: son cancer de la prostate est diagnostiqué dès son élection, en 1981. Mais le pouvoir guérit tout. Il déjoue les pronostics, son état s’améliore, et personne n’en entend parler.

Il faut attendre son deuxième mandat pour le voir vraiment diminué. Et ce n’est qu’en 1992 que la France apprend sa maladie. Même s’il ne quitte plus sa chambre, lui non plus ne démissionne pas. En 2005, Jacques Chirac fait un AVC qui diminuera clairement ses capacités. Cette fois, l’Élysée n'a pas caché l’affaire, mais c’est minimisé: il ne faut surtout pas inquiéter les Français.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : La santé de nos politiques, tabou par excellence - 30/10
3:18

Les rois, souvent malades

En principe, les rois étaient mieux soignés que la moyenne, et d’ailleurs, ils vivaient plutôt longtemps. Mais leur maladie, c’était souvent le reflet de leur mode de vie. Et clairement, ils n'étaient pas vegan... La plupart de nos rois étaient obèses ou presque.

Beaucoup avaient d’ailleurs une maladie qu’on appelle la goutte. On la chope quand on mange trop et qu’on boit trop. C’est la maladie des riches. Ça touche vos articulations, vos pieds gonflent et vous souffrez le martyre. Charlemagne en avait, Louis XIV aussi, Louis XVIII aussi. À la fin, on ne peut plus se déplacer, les reins ne fonctionnent plus, et on meurt.

Louis XV n’est pas épargné non plus. Il attrape la petite vérole et succombe après une lente et douloureuse agonie. Son visage était recouvert de pustules et de croûtes, qui avaient même envahi sa gorge et qui l’empêchaient de respirer. Bref, une fin pas très royale. Lui qui avait été si beau, meurt défiguré.

Michel Barnier fait le bon choix de la transparence

Mais finalement, pourquoi cacher les maladies, alors que ça pourrait provoquer de l’empathie? Cette technique fonctionnait sous l’Ancien Régime. De toute façon, les rois, ils l’étaient jusqu’à leur mort. Donc la maladie avait plutôt tendance à renforcer le lien avec son peuple. En démocratie, un président malade, ça se remplace.

Cacher son état de santé, ça ne pardonne pas. D’abord parce que les gens ne sont pas idiots, ils voient qu’un truc ne va pas. Et ensuite, c’est plus grave, parce qu’ils détestent être pris pour des idiots. Voilà pourquoi Michel Barnier fait le bon choix en choisissant la transparence.

Arthur Chevallier