Non-censure des socialistes: le Nouveau Front populaire vole en éclat à cause du budget

Des socialistes forcés de s’expliquer, de clarifier leur décision, après avoir choisi de ne pas voter la censure du gouvernement Bayrou sur le budget. Cette décision a été validée à l'unanimité lors d'une réunion de groupe du Parti socialiste, au nom de la stabilité économique, répète leur porte-parole, Arthur Delaporte.
"J'ai croisé des électeurs tout le week-end qui ont parfaitement compris le dilemme dans lequel nous étions. Ils nous disaient 'je suis comme vous, je déteste François Bayrou, et pour autant, je comprends comme vous la nécessité qu'il y ait un budget", explique-t-il.
Ils vantent leur "esprit de responsabilité" et jurent avoir entendus les appels à la stabilité. La non-censure sur le budget, c'est donc la ligne du PS, quitte à s'isoler du reste de la gauche. "Le Nouveau Front Populaire est réduit d'un parti", acte même Jean-Luc Mélenchon.
Une motion de censure sera quand même déposée
"Olivier Faure et Boris Vallaud ont en tout cas appelé tout le week-end les plus remontés", raconte un stratège. Les chefs du PS sont persuadés d'avoir trouvé la bonne formule pour apparaître encore comme des opposants et pour satisfaire ceux qui, parmi eux, souhaitaient censurer. Ils déposeront dans les prochains jours une autre motion, pas sur le budget, mais contre les valeurs défendues par le gouvernement. Un "pistolet à eau" raille un insoumis.
"Difficilement votable pour le RN, elle est vouée à l'échec" admet un socialiste.
Après les deux 49-3 dégainés par François Bayrou, La France insoumise a directement annoncé déposer une motion de censure pour chacun des deux textes. Elles devraient être examinées mercredi après-midi, soit 48 heures après le dépot.
"De fait ils sont dans la majorité"
Face à la décision socialiste, les insoumis enragent. Laisser passer le budget sans censurer est une trahison, juge Eric Coquerel:
"De fait ils sont dans un soutien sans participation au gouvernement. De fait ils sont dans la majorité. Nous ne voulons pas croire que les députés socialistes permettent à Emmanuel Macron de sévir pendant encore un an dans le pays."
La gauche se déchire et François Bayrou s’offre un répit. “C’est la méthode qui a porté ses fruits”, salue un élu du bloc central. Sous le regard presque amusé du député RN, Philippe Ballard: "On assiste à quoi ? À la reformation de ce qu'on a appelé à une époque 'l'UMPS' avec la participation des LR de Monsieur Wauquiez, et en soutien vous avez le Parti socialiste, autrement dit tous ceux qui depuis 45 ans plantent la France."
Pour qu'une motion de censure soit adoptée, une majorité de députés doivent la voter. Le budget serait alors rejeté et le gouvernement contraint de démissionner. C'est ce qui était arrivé à Michel Barnier en décembre dernier.