"On en a marre des promesses": les agriculteurs réclament des "mesures concrètes"

Un rendez-vous à Matignon dont ils n’attendent pas grand-chose. Les représentants syndicaux de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs vont rencontrer le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, ce lundi soir (18h). Mais sur le terrain, notamment sur le blocage de l’autoroute A64 à Carbonne (Haute-Garonne), on ne se fait pas d’illusion. "On espère qu’il va y avoir des avancées pour l’agriculture mais, pour être honnête, je n’attends aucune mesure concrète ce soir, explique Jérôme Bayle, éleveur de bovins et initiateur du mouvement en Occitanie, dans Apolline Matin sur RMC et RMC Story. L’Etat français, on parle de la complexité des dossiers, ce ne sont pas des rapides. Je n’attends pas des mesures rapides. On ne partira pas juste sur des paroles, je le dis et je le répète: je veux que M. Attal vienne dans la région Occitanie avec des mesures concrètes et une grosse preuve de soutien au monde agricole français."
Pour le moment, l’annonce du report d’un projet de loi sur l’installation de nouveaux agriculteurs, par le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, n’est pas suffisante pour calmer la colère des paysans. "J’ai écouté M. Fesneau parler, ça me fait mal d’entendre que le gouvernement est au courant de tout mais ne fait rien, indique Jérôme Bayle. Je l’ai invité à venir travailler une semaine dans ma ferme, le préfet aussi. Se lever le matin à 4h30-5h, travailler 15 heures par jour, rentrer chez soi à 21h… Je voudrais voir s’ils ont la force d’ouvrir des enveloppes et de faire des papiers complexes. Et le lendemain, on nous renvoie les papiers parce que ça ne va pas. On doit le refaire trois ou quatre fois pour concrétiser un dossier. Et il ne sera même ouvert en temps et en heure, au final. On l’a vu pour la PAC, une grosse partie des agriculteurs n’ont pas touché leurs aides en fin d’année parce que l’administration a pris du retard dans l’ouverture des dossiers."
>> DIRECT Colère des agriculteurs: toutes les infos
L’A64 "bloquée jusqu’à ce que le Premier ministre vienne"
Vice-président de la FNSEA, Luc Smessaert demande lui aussi que le gouvernement passe "des paroles aux actes". "Il y a besoin de retrouver cette fierté, cette dignité, qu’on a perdues au fil des derniers mois, indique-t-il sur RMC. Quand on a retrouvé les panneaux dans plus de la moitié des communes françaises, c’était peut-être trop silencieux. C’est une forte mobilisation et ça va prendre de jour en jour. Aujourd’hui, dans beaucoup de départements français, l’action va s’élargir pour être entendu. Ce soir (à Matignon), c’est un premier rendez-vous, il n’y aura pas d’annonce claire. Et surtout, on en a marre des promesses qui ne sont pas tenues. Moi aussi, j’ai entendu Gabriel Attal et Marc Fesneau. Ils comprennent, ils disent qu’ils nous entendent. Mais il faut passer des paroles aux actes. Il nous faut des engagements."
Parmi les motifs de la colère, les nombreuses réglementations, notamment européennes, les charges, le coût de la main d’œuvre, la hausse des taxes sur le gazole non routier ou encore le calcul de la retraite des agriculteurs. En attendant, pas question de lever le blocage sur l’A64. "Elle va être bloquée jusqu’à ce que le Premier ministre vienne dans la région Occitanie avec des mesures concrètes sur les revendications qu’on a fait remonter auprès des services de l’Etat, assure Jérôme Bayle. Je veux qu’il comprenne un truc: aujourd’hui, on essaye de nous mettre à genoux mais dans notre métier, on a l’habitude de souffrir."