RMC
Travail

"Un ras-le-bol de cette surenchère normative": les blocages des agriculteurs vont-ils se répandre?

placeholder video
Des agriculteurs en colère bloquent un tronçon de A64 en Haute-Garonne et des accès d’autoroute dans le Tarn-et-Garonne et l’Aude. Le mouvement va-t-il se répandre dans d’autres régions?

Un tronçon de l’A64 à Carbonne (Haute-Garonne), des accès de l’A61 à Castelnaudary (Aude) et de l'A62 à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne). En Occitanie, les blocages des agriculteurs en colère touchent des autoroutes. Et ils promettent de "ne pas bouger" jusqu’à obtenir une visite du nouveau Premier ministre, Gabriel Attal. Dans de nombreuses autres régions, les agriculteurs avaient déjà montré leur mécontentement en retournant les panneaux des noms des communes. Mais ces actions plus fortes peuvent-elles désormais se répandre sur le territoire, comme dans la région de Toulouse?

"En Indre-et-Loire, on va se mobiliser dans les jours à venir, peut-être pas sur la même forme, prévient Cédric, agriculteur dans ce département, dans Les Grandes Gueules ce vendredi sur RMC et RMC Story. Il y a un ras-le-bol de cette surenchère normative. On a détruit des filières complètes en France à cause de normes, notamment les cerises. Dans le même temps, on importe des produits de l’étranger, les mêmes qu’on ne voulait plus en France. Il faut de la cohérence dans ce pays. Soit on ne va pas plus loin que les autres, soit on n’importe pas ce qu’on ne veut pas."

"Il y a aussi le prix des produits, ajoute-t-il. On voit que certains industriels, sous la pression des distributeurs, demandent une baisse de prix aux producteurs. Quand on a passé du temps à travailler sur la loi Egalim, il n’est plus entendable en 2024 qu’on demande encore des baisses et que les agriculteurs doivent se serrer la ceinture pour le pouvoir d’achat des Français."

Patricia, auditrice RMC, "comprend" la colère des agriculteurs. Elle a vécu elle-même un drame familial il y a près de 30 ans. "Moi, mon papa s’est suicidé dans sa ferme, où il était né, témoigne-t-elle. Il s’est pendu dans son hangar. En 1997, déjà, le problème commençait déjà. Il était toujours parti à la mairie pour chercher des formulaires, remplir des papiers. Alors que sa vie, ce n’était pas ça, mais cultiver, élever des bovins… Il s’est pendu à 60 ans, à l’arrivée à la retraite. Parce que le montant de la retraite d’un agriculteur, c’est minable."

"Il va falloir balayer devant notre porte"

Pascal, agriculteur en Vendée, compatit et fait lui-même partie du Samu social agricole. Mais il appelle à "montrer comment notre système fonctionne". "Tous ces mouvements, on en a fait, ils ne nous ont jamais rien apporté, estime-t-il. Les grosses coopératives agricoles sont gérées en ce moment par des responsables qui sont tous sur le mouvement, là. Actuellement, elles ne valorisent pas mieux les produits que les industriels. Les industriels gagnent de l’argent, les coopératives aussi."

"On a dit que la France allait importer de la viande bovine, je suis contre, poursuit-il. Mais nos propres coopératives, notamment laitières, sont prêtes à exporter des produits dans les autres pays, comme le beurre et la poudre de lait. Il va falloir balayer devant notre porte."

LP