"On ne vient pas en France comme au McDo": ce qu'il faut retenir de l'interview d'Eric Zemmour

Eric Zemmour, la surprise du début de campagne, était l’invité de RMC et BFMTV. Désormais à la peine dans les sondages après avoir imposé ses thèmes de campagne, le candidat d’extrême-droite a estimé que "l’attaque" de l’Ukraine par Vladimir Poutine avait rabattu les cartes: "C'est la seule raison qui a fait que l'attention médiatique et l'attention de l'opinion s'est détournée vers la guerre en Ukraine".
"Les gens se sont détournés vers la guerre mais ça n’entache pas le problème de notre pays qui fait que nous subissons un grand remplacement de notre population. Quand la guerre sera finie, nous serons toujours avec notre problème d’immigration", a-t-il lancé en préambule face à Apolline de Malherbe.
Vladimir Poutine
Interrogé sur son passé "poutinophile", Eric Zemmour a estimé s'être uniquement trompé sur la guerre en Ukraine, estimant qu'il restait important d'échanger avec la Russie.
"Je ne pense pas avoir eu une mauvaise lecture de Vladimir Poutine. J'avais parlé de nécessité de rapprochement avec la Russie. Je ne me suis trompé que sur une chose, je ne croyais pas que Vladimir Poutine allait attaquer, comme tous les experts", a assuré le candidat d'extrême-droite, plusieurs fois condamné pour incitation à la haine.
Energie
Alors que le président de la Commission de régulation de l’énergie, Jean-François Carenco, a appelé ce mercredi sur RMC les Français à réduire leur consommation de chauffage sur fond de hausse des prix, Eric Zemmour a estimé qu’il était "scandaleux" de faire payer aux Français la guerre en Ukraine et "les mauvais choix opérés par le gouvernement au nom de l'Europe".
"Nous avions et nous avons une énergie nucléaire autonome souveraine. Sauf que nous avons accepté que l’Europe nous oblige à vendre cette énergie nucléaire à un prix ridicule à des groupes européens", a lancé le candidat d'extrême-droite, avant de s'en prendre à l'énergie allemande.
"Comme les Allemands ont choisi d’arrêter le nucléaire et qu’ils ont mis des éoliennes partout, ils achètent aussi beaucoup de gaz dont les prix augmentent et nous le payons nous aussi plus cher. Nous avons accepté au nom de l'Europe de payer plus cher et nous ne profitions pas de notre énergie souveraine. Emmanuel Macron change d'avis tout le temps sur tout, sauf sur l'Europe, où il sacrifie toujours la France à sa chimère d’Europe", a ajouté Eric Zemmour.
Pour retrouver cette souveraineté, il plaide pour la construction de nouveaux réacteurs: "Il va falloir sortir du système européen et développer des réacteurs nucléaires. Je propose la construction de 14 réacteurs nucléaires et le prolongement à 60 ans de la durée de vie des 58 réacteurs nucléaires actuellement en activité", assure Eric Zemmour.
Par ailleurs, il déplore que l'Allemagne, très dépendante du gaz russe, "finance l'effort de guerre russe". "Je constate que personne ne leur demande quoi que ce soit", ajoute Eric Zemmour.
Insécurité
"Sevran est une enclave étrangère où la loi est appliquée par des caïds de la drogue", a lancé Eric Zemmour mardi au commissariat de cette ville de Seine-Saint-Denis, théâtre d'émeutes en début de semaine après la mort d'un homme tué par un policier.
Alors pour lutter contre l'insécurité, Eric Zemmour, qui assure que celle-ci découle du laxisme judiciaire et de l’immigration, promet s’il est élu, le retour des peines planchers, une vraie perpétuité, une remise en cause des remises de peine et une expulsion des délinquants et criminels étrangers.
"Il y a 80.000 délinquants étrangers condamnés. Ceux qui ont la double nationalité, je les déchoirai et les renverrai dans leur pays d’origine. Il faut aussi protéger les policiers. Je prévois la présomption de la légitime défense. Ce sera à la justice de prouver que le policier n’était pas en état de légitime défense. Le policier n’ira plus en garde à vue comme c’est souvent le cas", a-t-il lancé.
Identité
Eric Zemmour, qui se dit contre la double-nationalité, veut, s'il est élu, créer un ministère de la "Remigration". Dans la foulée de cette proposition, Idriss Sihamedi, le fondateur de Barakacity, une organisation musulmane dissoute en octobre 2020, a assuré vouloir créer une organisation permettant aux musulmans de France refusant l’assimilation, de quitter le territoire.
Les idées d'Eric Zemmour et Idriss Sihamedi semblent faire chemin: "Il dit la vérité. Il y a dans l’Islam une volonté de régenter la vie des individus. Ce sont d’autres mœurs. C’est pour ça que je dis que l’Islam est incompatible avec la France".
"Ce qu’il dit est en partie vrai. Soit les musulmans acceptent la civilisation et restent en France, soit ils ne l’acceptent pas et vont dans d’autres pays. Il y a 57 pays musulmans dans le monde. Je pense que c’est cohérent. La France n’est pas une terre vierge, elle a une culture qui repose sur des valeurs. Ce n’est pas tombé du ciel. On ne vient pas en France comme au McDo, comme on est", a ajouté Eric Zemmour.
Le candidat d'extrême-droite a également plaidé pour l'assimilation, citant pêle-mêle des exemples d'immigrés s'étant selon lui assimilés à la France: "Ma famille, comme les Italiens, les Polonais, les Asiatiques et les Kabyles, qui sont musulmans, on fait l’effort de s’assimiler", a assuré Eric Zemmour.
Réfugiés ukrainiens
Déjà 30.000 Ukrainiens fuyant la guerre sont entrés en France, au grand dam d’Eric Zemmour qui assurait préférer les voir rester en Pologne notamment, pour leur permettre de revenir au plus tôt chez eux après la guerre.
Un phénomène en inadéquation avec celui qui voulait limiter à une centaine par an les délivrances de droits d’asile. "Ce n’est pas du droit d’asile, ce sont des réfugiés. Je veux remettre à son origine le droit d’asile, l’accueil d’individus qui combattent des régimes oppressifs comme Victor Hugo à Jersey ou Alexandre Soljenitsyne dans le Vermont", a-t-il assuré.
Santé
Pour revigorer le secteur de la Santé, Eric Zemmour veut embaucher 10.000 médecins, tout en gardant les médecins étrangers, nombreux à faire fonctionner l'hôpital public en France: "Je n'ai rien contre ceux qui travaillent. Ce que je regrette, c'est cette application stricte et débile, celle du numerus clausus qui a empêché beaucoup d’étudiants français d’être médecin pour un quart de point".
Prêt à faire des meetings avec Marine Le Pen
Eric Zemmour a assuré qu'il n'était pas "fâché" avec Marine Le Pen mais simplement "concurrents" et "rivaux". En cas de présence au second tour de l'un ou de l'autre, il a assuré qu'il pourrait tout à fait faire un meeting avec la présidente du Rassemblement national, sa principale rivale à l'extrême-droite.
Et s'il arrive au second tour, le polémiste d'extrême-droite estime avoir plus de chances que Marine Le Pen: "Si je suis au second tour, les gens de LR comme Ciotti, Morano ou peut-être Wauquiez, appelleront à voter pour moi. Ils ne le feront pas pour Marine Le Pen".
"Je suis le seul pour la réconciliation des droites. Si je suis au second tour, nous allons renverser la table, changer la face de la vie politique française et bouleverser le jeu des partis politiques. Si Marine Le Pen est au second tour, rien ne changera, elle perdra et nous repartirons pour cinq ans comme les cinq dernières années", assure-t-il.
"Macron assassin" scandé au Trocadéro
Assurant ne pas avoir entendu la foule scander "Macron assassin" lors de son meeting au Trocadéro, Eric Zemmour a assuré qu'il n'aurait pas utilisé ces mots mais a mis cette formule sur le compte de l'émotion:
"Moi, je ne l’aurais pas dit, ce n’est pas mon type d’expression mais il faut bien comprendre que ça s’est passé quand j’évoquais des victimes du terrorisme. Les gens étaient émus", a-t-il assuré.