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"On se barricade", les commerçants se préparent avant le résultat des élections législatives

Une banque murée par des panneaux de bois place d'Italie

Une banque murée par des panneaux de bois place d'Italie - Image BFM Paris

Alors que le second tour des élections législatives, le 7 juillet, se rapproche, de potentiels troubles à l'ordre publics et des violences urbaines sont redoutés par les autorités et les commerçants. Certains d'entre eux anticipent déjà et se protègent en conséquence.

Dans un contexte politique tendu d'affrontement de blocs, les autorités redoutent d'éventuelles réactions violentes dans la rue dimanche prochain et le dimanche suivant après le second tour des élections législatives.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a publiquement évoqué, mardi, "de possibles troubles à l'ordre public", en se basant sur "des notes des services de renseignements".

Des commerçants anticipent

À Lyon, certains commerçants anticipent déjà de potentielles violences urbaines. Un gérant d'une grande surface, lui, ne prend plus aucun risque. De larges panneaux de bois recouvrent les vitrines de son magasin: "Ils ont été installés il y a une semaine et demi, suite aux élections européennes. Du coup, on les garde jusqu'à la fin des élections."

"Il y a eu des pillages où ils partaient avec tout ce qu'ils pouvaient prendre. Ils ont détruit les caisses", témoigne-t-il à propos des émeutes de l'année dernière.

Inquiétude partagée par Georges Reynon, charcutier-traiteur dans le même arrondissement, pour l’instant épargné, mais jusqu’à quand? Le commerçant se pose la question. "Il faut réagir assez vite. On se barricade, c'est peut-être ce qu'on va faire", explique Georges Reynon.

Ces anticipations répondent à l'appel du maire de l'arrondissement, Pierre Oliver. Dans un communiqué, il a enjoint les commerçants à se protéger pour éviter des dégradations, des casses et des vols.

Si cet appel à la vigilance est compris, il est relativisé par Johanna Benedetti, présidente de l’association des commerçants de la presqu’île. "Tout le monde retient un peu son souffle, après ce n'est peut-être pas la peine de souffler sur les braises de l'anxiété générale de la société."

De son côté, la mairie assume: "Notre rôle, c'est de protéger nos commerçants, de protéger nos habitants et donc je pense qu'il est important d'anticiper", justifie le maire du 2e arrondissement, Pierre Oliver.

"On est en lien avec la police nationale, la préfecture et j'ai demandé au maire de Lyon de déployer la police municipale. Ce qui n'avait pas été le cas lors des émeutes l'année dernière", ajoute-il.

Des préfets sur le qui-vive

Depuis deux semaines, tous les préfets ont reçu une mise en garde du ministre de l’Intérieur quant aux risques d’incidents violents notamment les soirs de scrutin. Pour autant, les services de renseignement, eux, notent que les activistes d’ultra-droite comme d’ultra-gauche se sont peu manifestés jusqu’à présent, afin de ne pas nuire à leur camp, le temps de la campagne. C’est donc au soir du second tour que des violences pourraient éclater, notamment dans la capitale où des renforts policiers étaient déjà à disposition, en prévision des Jeux Olympiques.

En revanche, dans ce contexte, l’annonce, mercredi, de la dissolution de plusieurs groupuscules d’ultra-droite fait grincer des dents certains policiers qui sont justement chargés de les suivre, de les surveiller. Ils craignent un éparpillement de ces activistes radicaux, pile au moment où les services de renseignement doivent les avoir particulièrement à l’œil.

Guillaume Biet et Vincent Chevalier