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"Pas de débat, pas de mandat": à gauche comme à droite, la grogne monte contre Emmanuel Macron

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Même sans débat, Emmanuel Macron fédère ses adversaires contre lui. À gauche comme à droite, la colère gronde contre le président sortant, candidat à sa réélection qui refuse tout débat avec les autres candidats. Un refus qui pousse ces derniers à remettre en question la légitimité du mandat présidentiel à venir.

Pas de joutes verbales. Contrairement à 2017, il n'y aura pas cette année de débat entre tous les candidats à la présidentielle. Quant au président sortant, il ne débattra avec personne. S'il aime "le débat et la confrontation" comme l'assure son entourage, Emmanuel Macron juge qu'il n'y a pas lieu d'affronter ses adversaires, à l'instar de ce qu'ont fait les présidents sortants candidats à leur réélection auparavant.

Une attitude qui irrite dans les rangs de l'opposition, à gauche comme à droite: "Le risque de cette campagne, c'est qu'il n'y ait pas de débouché politique et Emmanuel Macron a une responsabilité là-dessus", tacle Yannick Jadot ce jeudi sur RMC et BFMTV. "Il est si fébrile sur son bilan qu'il ne veut pas en débattre. Il faut un grand et beau débat démocratique pour un choix positif de société pour les cinq ans à venir", a ajouté le candidat d'Europe Écologie - Les Verts.

Les réseaux sociaux ont vu fleurir le hashtag #PasDeDébatPasDeMandat, à l'initiative d'écrivains, réalisateurs, philosophes et économistes qui dénoncent dans une tribune publiée dans Libération la légitimité d'un éventuel prochain mandat en l'absence de débat.

"On n'est pas dans un régime autoritaire, il y a nécessité de débattre avec ses opposants"

Ses adversaires politiques agitent aussi l'illégitimité d'un prochain mandat alors qu'Emmanuel Macron est largement en tête des sondages: "Pas de débat pas de mandat", a repris ce jeudi sur France Info Nicolas Dupont-Aignan, le candidat de Debout la France. Même son de cloche pour le président LR du Sénat Gérard Larcher: "S'il n'y a pas de campagne, la question de la légitimité du gagnant se posera", a-t-il assuré au Figaro.

"En France, la seule élection où il y a un vrai débat, c'est l'élection présidentielle. Se dérober comme ça de tout débat, on n'est pas en Biélorussie", renchérit sur le plateau des "Grandes Gueules" l'avocat Charles Consigny, soutien de Valérie Pécresse la candidate LR. "N'en déplaise à monsieur Macron qui a marché sur les libertés publiques des Français pendant tout son quinquennat, on n'est pas encore dans un régime autoritaire, il y a nécessité de débattre avec ses opposants", ajoute-t-il.

En plus d'Emmanuel Macron, toujours au-dessus de la mêlée dans les sondages, l'autre grande gagnante de l'absence de débat pourrait être l'abstention: "Ça fait moins de compétition, le résultat est perçu comme joué d'avance et donc ça entraîne moins de participation", explique à RMC le politologue Bruno Cautrès "Le jeu excite moins d'électeurs. Surtout, un certain nombre d'électeurs ont le sentiment que c'est perdu d'avance, que c'est une cause perdue. Ça motive beaucoup moins", conclut-il.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC