Présidentielle: "Anne Hidalgo est inaudible" selon Manuel Valls
Faites place à la droite. Après la victoire de Valérie Pécresse à la primaire des Républicains, la candidate du parti connaît enfin une envolée dans les sondages. Et même une victoire. Selon un sondage Elabe pour BFMTV, la présidente de la région Île-de-France gagne 11 points au premier tour et l'emporterait même au second tour face au président sortant Emmanuel Macron.
Mais l'autre enseignement de ce sondage, c'est un désaveu pour la gauche française. A eux sept, les candidats à la présidentielle se prévalant de gauche, n'obtiendraient que 24% des suffrages. Pire encore, les deux candidats socialistes, Anne Hidalgo et Arnaud Montebourg, ne totaliseraient que 5% des suffrages avec respectivement 3 et 2% des intentions de vote. Les mieux placés, Jean-Luc Mélenchon de La France Insoumise et Yannick Jadot d'Europe Ecologie-Les Verts, réuniraient 8 et 7% des électeurs.
Devant les divisions, les électeurs sont tentés de s'abstenir alors qu'un consensus pour une candidature commune semble plus qu'utopique. "Nous sommes encore loin de l'élection", tempère ce mercredi sur RMC Manuel Valls, ancien Premier ministre de François Hollande et candidat malheureux à la primaire socialiste en 2017 qui concède cependant "des tendances lourdes".
"Le débat concerne plutôt la droite ou les droites avec l'extrême-droite de Le Pen et Zemmour, une droite qui s'assume avec Valérie Pécresse et le centre-droit d'Emmanuel Macron", ajoute le Catalan. Malgré ces deux divisions, impossible visiblement pour l'instant de tirer son épingle du jeu pour les candidats de gauche.
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Valls: "Il n'y a pas d'offre de gauche de gouvernement, de gauche républicaine"
Le match semble déjà joué, même pour les électeurs de gauche. "Valérie Pécresse, c’est un tiers Merkel-deux tiers Thatcher selon elle, mais dans les faits c’est plutôt deux tiers Thatcher-un tiers Boutin. C’est une vraie candidate de droite", note sur RMC Kévin, professeur des écoles et sympathisant de gauche, qui en profite pour régler ses comptes avec Manuel Valls. "Elle est gagnante dans un sondage, ce que n’a jamais été Benoît Hamon. S’il avait été en position de gagner, Monsieur Valls et Monsieur Rugy auraient peut-être été moins pressés d’aller se réfugier chez monsieur Macron", tacle-t-il sur RMC.
Diplomate, Manuel Valls assure refuser de vouloir revenir sur cinq années déjà passées. "Je comprends que vous ne vouliez pas revenir dessus", relance Kevin. Une joute verbale presque symptomatique des divisions à gauche alors que même Arnaud Montebourg et Anne Hidalgo ne parviennent à s'entendre.
Et si la droite "se droitise" comme le souligne Manuel Valls, c'est peut-être parce que la gauche a disparu, ce que confirme Kevin: "Avec les électeurs de gauche que je connais, aujourd'hui on va vers l'abstention. On a compris que la manière de faire de la politique dans notre démocratie ne permettait pas aux nouvelles idées d'émerger. Et aller voter sans avoir la possibilité de l'emporter, ça donne un dégout aux électeurs de gauche qui pensent à d'autres moyens d'action: les modes de consommation et même l'action violente pour certains".
"Les électeurs de gauche sont partis vers l'abstention parce qu'ils n'ont aucune chance de l'emporter dans ce jeu-là. Comme c'est la seule manière de l'emporter, on est morts, on est cuits", croit savoir le professeur des écoles.
"Il n'y a pas d'offre de gauche de gouvernement, de gauche républicaine. La gauche n'assume plus ce qu'elle a fait au pouvoir et Anne Hidalgo par exemple, est inaudible. Ça n’enlève rien à ses qualités politiques et personnelles, mais elle est inaudible, c’est une réalité. La gauche de gouvernement n'a pas tiré les leçons de la défaite de 2017", lance Manuel Valls, qui avait peut-être senti le vent tourner avant tout le monde en refusant de soutenir le candidat socialiste après sa défaite à la primaire du parti et malgré son engagement à le faire.
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