Retraites: est-il possible de mener la réforme sans bloquer la France?
C'est la réforme qui a le plus retenu l'attention des Français dans le programme d'Emmanuel Macron pour un second mandat et c'est désormais la priorité du chef de l'État réélu. La réforme des retraites, avec un passage à 64 puis 65 ans de l'âge légal de départ, est l'un des pilliers de la volonté réformatrice du président de la République. Mais face à un réforme qui peut reveiller les oppositions, le quatrième tour, après les législatives, sera-t-il social?
Dans le cadre de la série "Les 12 travaux du président Macron", tous les jours à 7h10 dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story jusqu’au 13 mai, la question a été posée à l'ancien secrétaire général de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly. Que faire pour éviter un blocage du pays, comme lors de la réforme avortée de décembre 2019?
"65 ans, cela ne passera pas. Il y aura des risques de blocages", assure l'ancien syndicaliste.
Mais éviter les blocages, c'est possible, assure Jean-Claude Mailly: "Cela dépend de la méthode et de ce que l'on met sur la table. Depuis 1993, on a le sentiment qu'une bonne réforme, c'est celle qui met des gens dans la rue pour montrer qu'on est durs, qu'on résiste. Une bonne réforme, c'est mettre tout le monde autour de la table, on discute, et pas simplement pour la forme."
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L'âge, pas le seul critère
Alors qu'Emmanuel Macron parle de "nouvelle méthode" et de "réinvention", l'ancien patron de FO estime que la "nouvelle méthode serait déjà de mettre tout le monde autour de la table."
Si Jean-Claude Mailly estime que "les gens ne veulent pas 65 ans", il estime que critère d'âge n'est pas le seul à prendre en compte pour une réforme des retraites: "Pour quelqu'un qui est né en 1973, qui a commencé à bosser à 21 ans + 43 années de cotisation, part à 64 ans pour une retraite à taux plein. Aujourd'hui, dans le privé, les gens partent en retrait à 63 ans, et dans le public, 62 ans."
"En France, on a moins augmenté l'âge mais augmenté la durée de cotisation. C'est la double peine."
Travailler sur les fins de carrière
Celui qui se dit toujours "militant" même si'il n'a plus de mandat se pose la question du départ en retraite des plus précaires, ceux qui font souvent les métiers les plus difficiles et pose la question: "pourquoi il y a 25% des personnes les plus défavorisées qui meurent avant leur retraite?"
Pour résoudre cette équation, il a une solution: "inventer un système qui permet de prendre une année d'anticipaiton de retraite, à 45 ans par exemple, que l'on rattrapera plus tard." L'idée de Jean-Claude Mailly est de ne pas arriver à la retraite usé, tout en travaillant sur "les fins de carrière, sur l'emploi de séniors."
"Prendre le temps de la concertation"
"On a le sentiment que quand on nous balance un âge, c'est surtout pour des questions budgétaires." juge l'ancien syndicaliste.
Pour qu'il y ait une réforme, il estime qu'"il ne faut pas se précipiter, il faut prendre le temps de la concertation", et si le chef de l'État fait mine de concerter sans être ouvert "ce sera une effet boomerang, ce sera pire."
Les XII travaux d'Emmanuel Macron
► I - Pouvoir d’achat: comment mieux vivre de notre travail?
► II - Retraites: est-il possible de mener la réforme sans bloquer la France?