Retraites: un seul mot d'ordre à l'Assemblée cette semaine, "présence obligatoire"

Alors que l'Assemblée entame sa dernière semaine de débats sur la réforme des retraites, c'est une bataille de présence qui se joue dans l'hémicycle. Avec la majorité relative, et des premiers votes extrêmement serrés la semaine dernière, aucune absence n'est tolérée dans l'hémicycle. Et cette guerre de position se joue particulièrement entre la majorité et la Nupes.
"Notre présence est obligatoire, on fait même l'appel", détaille un député Renaissance, tandis qu'un insoumis admet être rivé à son siège depuis une semaine.
Au sein de la majorité, plusieurs personnes sont chargées de compter les forces en présence. Et quand il manque du monde, d'un côté comme de l'autre, c'est le branle-bas de combat. Une cadre LFI raconte que les boucles WhatsApp sont submergées depuis quelques jours par un seul ordre: "Revenez dans l'hémicycle !".
"On devrait installer des tapis roulants dans les couloirs pour revenir plus vite", sourit un député macroniste. Jusqu'ici, il y a eu peu de votes clés mais cette tension devrait monter crescendo selon plusieurs députés, avec la fin de l'examen du texte à la fin de la semaine.
À gauche, ça devient même un sujet pour l'organisation des meetings. Des meetings organisés les soirs, un peu partout en France, qui privent les rangs de la Nupes de précieux députés pour les séances à l'Assemblée.
Une usure psychologique
Un exemple ce jeudi, un meeting à Bobigny annonce la présence de sept députés de la Nupes, rien que ça. Pendant que Jean-Luc Mélenchon doit être accompagné de trois députés LFI à Montpellier. Bref, une dizaine d'élus potentiellement absents. "C’est un peu la honte", s'agace une insoumise, qui espère que certains renonceront pour rester à l'Assemblée.
Un épisode est particulièrement mal passé la semaine dernière. Les socialistes espéraient faire adopter une loi sur les repas du Crous à 1 euro, qui a finalement été rejetée à une voix près. À ce moment-là, plusieurs députés écolos étaient en conférence de presse. "Ça prouve qu'on peut remporter des votes, mais ça doit nous servir de leçon", râle un député insoumis.
Dans ce contexte, difficile de passer du temps en circonscription. C'est même mission impossible ces derniers jours. Les députés sont réquisitionnés à l'Assemblée les jeudis et vendredis, journées traditionnellement consacrées à la circonscription. Un député Renaissance s'inquiète: "Certains de mes collègues deviennent complètement fous, ils ne voient pas la lumière du jour, ne sortent jamais".
"Il y a de l'usure et de la fatigue pour tout le monde", reconnaît un autre député. Les élus de la majorité le savent, un moment de faiblesse de leur part et l'opposition pourrait obtenir des victoires sur certains amendements. Certes symboliques, mais abondamment relayées pour entretenir la mobilisation dans la rue.