Richard Ferrand tiré d'affaire? "Il est possible qu'Anticor se constitue partie civile"

Richard Ferrand - AFP
Le parquet de Bretagne a décidé de classer sans suite cette affaire vendredi après-midi. Dans cette affaire, révélée par le Canard Enchaîné le 24 mai dernier, Richard Ferrand est soupçonné d'avoir favorisé sa compagne à l'époque où il était directeur général des Mutuelles de Bretagne et élu local socialiste.
Selon le Canard, la promesse de location d'un appartement de 379m2 à Brest aux mutuelles bretonnes avait permis à la compagne de Richard Ferrand, Sandrine Doulcen, d'obtenir un prêt de 184.000e pour rénover ce bien. Le Monde avait aussi révélé que Richard Ferrand avait fait bénéficier à ses proches (notamment son ex-femme et sa compagne) de plusieurs contrats. Mais l'enquête a prouvé que les prestations avaient bel et bien été fournies.
Pas de retour au gouvernement
A l'époque de ces révélations, Richard Ferrand avait dû quitter le gouvernement et son poste de ministre de la Cohésion des territoires, auquel il ne sera resté que du 17 mai au 19 juin. Le député du Finistère se dit aujourd'hui "lavé de tous soupçons" mais assure qu'il restera à la tête du groupe LAREM à l'Assemblée, pas question pour l'instant de retourner au gouvernement. L'Elysée et Matignon nous assuraient vendredi soir que cette hypothèse n'était pas du tout sur la table pour l'instant.
D'autant qu'un classement sans suite ne signifie pas que Richard Ferrand soit blanchi ou innocenté. Mais simplement que l'affaire ne sera pas confiée à un juge d'instruction et donc qu'on en restera là, a priori, faute d'éléments à charge. Néanmoins, le dossier n'est théoriquement pas définitivement refermé. Il peut être rouvert si de nouveaux éléments sont transmis à la justice ou bien si une plainte avec constitution de partie civile est déposée et que le procureur est alors obligé de saisir le doyen des juges d'instruction.
"Vous savez qu'en France le procureur de la République n'est pas une autorité judiciaire indépendante"
C'est bien ce qu'envisage Jérôme Karsenti, l'avocat de l'association Anticor. L'association milite pour combattre la corruption dans la vie publique, et pourrait se constituer partie civile pour poursuivre les démarches judiciaires. "Je ne sais pas sur quoi a enquêté le procureur de la République. Je veux bien lui faire confiance, mais de façon assez limitée. Vous savez qu'en France le procureur de la République n'est pas une autorité judiciaire indépendante, puisqu'elle est sous le contrôle du pouvoir exécutif. Et qu'on sait à quel point M. Ferrand est sous la coupe du président de la République. Donc on va examiner le dossier sous l'angle pénal. Très bien si M. Ferrand est innocent au terme de la loi pénale. Mais s'il y a des éléments sérieux à notre sens d'éléments à charge, et bien il est possible qu'Anticor se constitue partie civile", explique l'avocat.
"Richard Ferrand ne s'est jamais soustrait à la justice"
Le son de cloche n'est pas le même pour Aurore Bergé, porte-parole des députés LREM et députée des Yvelines. Elle se félicite de cette décision. "La justice a fait son travail. C'est ça qui est important, c'est que la décision judiciaire est souveraine. On a eu une enquête, une investigation, des perquisitions… Richard Ferrand ne s'est jamais soustrait à la justice. Et aujourd'hui il y a une décision de justice qui tombe, qui tranche, qui arbitre, qui est un classement sans suite. Il n'a jamais perdu sa place. Il est président du groupe majoritaire à l'Assemblée nationale, je peux vous assurer que ce n'est pas un mince rôle que celui qui est le sien. Il a assumé cette fonction, je pense qu'il l'assumera avec d'autant plus de sérénité aujourd'hui" estime Aurore Bergé.