Sobriété énergétique: "On ne peut pas agir par des petites mesures" selon Sabrina Sebaihi
La remise carburant portée à 30 centimes par litre
Sabrina Sebaihi, députée EELV des Hauts-de-Seine, dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story:
"Tout ce qui est bon à prendre, il faut le prendre. Mais on n’est pas du tout à la hauteur de l’enjeu. On avait proposé le blocage du prix à 1,40-1,50€ pour permettre de jouer vraiment sur le pouvoir d’achat des Français. Là, on est dans une mesure qui est en trompe-l’œil, parce que ceux qui vont le plus en bénéficier sont ceux qui ont déjà les moyens de faire le plein de leur voiture. On aurait pu cibler les aides sur les personnes les plus précarisées, qui ont en le plus besoin. Là, on est sur une aide généralisée. Ceux qui remplissent leur réservoir à 100, 150 euros, ils en bénéficient beaucoup plus que les personnes qui en ont le plus besoin aujourd’hui."
"Il fallait cibler les personnes les plus modestes en bloquant le prix pour vraiment leur donner un vrai coup de pouce. Là, la mesure va arriver en septembre, bien après les vacances. Et elle sera dégressive jusqu’au mois de décembre. Après le mois de décembre, c’est le saut dans l’inconnu, y compris avec le bouclier énergétique."
Développer les mobilités propres
"Il faut travailler en plusieurs temps. Aujourd’hui, on est dans une urgence face à l’inflation. La seule possibilité d’aider les ménages les plus précaires, c’est d’agir sur le prix des carburants. Bien évidemment, à moyen et long terme, il faut travailler sur les transports collectifs, sur le train, sur toutes les mobilités qui font défaut aujourd’hui. Et là, on rendra vraiment service aux Français les plus précarisés. On répondra à un vrai enjeu : comment se déplacer en faisant en sorte que ça soit moins cher et plus écologique."
"(Les aides pour la voiture électrique). C’est absolument une nécessité. Il faut vraiment évoluer sur le parc automobile. On est très en retard là-dessus. Et aider le plus de personnes qui ont besoin de changer de véhicule. Il y a d’autres dispositifs, le covoiturage, les aides pour les entreprises… On trouve que le gouvernement est très en retard sur toutes ces mesures qui vont dans le bon sens pour la transition écologique et pour le portefeuille des Français."
"(L’huile de friture autorisée comme carburant). Dans le Nord, et dans certains pays, c’est déjà fait. Ça agit sur le pouvoir d’achat et c’est moins polluant, donc c’est une bonne mesure."
Le geste de Total sur les prix des carburants
"On est très loin du compte. Total a fait des superprofits pendant cette crise, comme d’autres grands groupes. En réalité, c’est une mesurette. Des stations Total, il n’y en a pas tant que ça. Et c’est plus cher que dans d’autres stations. Les 20 centimes, c’est juste pour arriver au même prix que d’autres stations. C’est juste une manière d’échapper à cette taxe sur les superprofits, qui est pourtant déjà mise en œuvre dans plein de pays européens. Là aussi, le gouvernement n’est absolument pas courageux sur cette mesure qui aurait permis une vraie redistribution aux personnes qui en ont le plus besoin. M. Macron nous avait promis le ruissellement, on est très loin du compte."
La sobriété énergétique voulue par le gouvernement
"Que de temps perdu... Il y a encore quelques mois, le président nous traitait d’Amish quand on évoquait la question de la décroissance ou de la sobriété. Alors qu’aujourd’hui, on arrive à ces mesures. La réalité, c’est qu’il faut que les plus grands montrent l’exemple, l’Etat et les administrations en premier lieu, les grands groupes… Certains maires écolos avaient déjà pris ces arrêtés et avaient été moqués. Il faut que tout le monde fasse un effort. Mais ce qu’on dit, nous, c’est qu’on ne peut pas agir par des petites mesures. Il faut vraiment des décisions structurelles pour aller vers une sobriété qui permette de réduire notre consommation. Ce n’est pas en allant chercher ailleurs ce que la Russie ne peut plus nous fournir en termes de gaz et de pétrole, que ça fera un changement de virage sur la question de la transition énergétique. On en est encore très loin."