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"Un jeu de dupes", dénoncent les Régions et les maires avant les assises des finances publiques

Le maire de Cannes, David Lisnard, au congrès de l'Association des maires de France qu'il préside, à Paris, le 18 novembre 2021 (illustration).

Le maire de Cannes, David Lisnard, au congrès de l'Association des maires de France qu'il préside, à Paris, le 18 novembre 2021 (illustration). - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Des coupes budgétaires sont attendues à l'issue des assises des finances publiques, vivement critiquées par les présidents des associations des maires et des Régions de France.

Les présidents des associations des maires et des Régions de France, respectivement David Lisnard et Carole Delga, dénoncent dimanche le "jeu de dupes" et "l'incohérence" de l'exécutif, qui doit annoncer des coupes dans les dépenses lors d'assises des finances publiques.

Avec celle des départements de France, les trois principales associations d'élus ont décidé de boycotter le rendez-vous de lundi organisé à Bercy, sous l'égide du ministre de l'Economie Bruno Le Maire et en présence d'Elisabeth Borne.

"Notre participation aurait été incohérente vis-à-vis des communes et des habitants, voire insincère. (...) On ne peut pas être les figurants d'une séquence de communication", explique au JDD David Lisnard, maire (LR) de Cannes.

"Je ne voulais pas me prêter à ce jeu de dupes où chacun a trois minutes de temps de parole, avec des passages en revue inefficaces", abonde dans un même entretien Carole Delga, présidente (PS) de la Région Occitanie.

Cette dernière déplore notamment que "l'exécutif demande aux collectivités locales de faire des efforts alors qu'elles ne participent en rien au déficit public, au contraire : nous votons un budget à l'équilibre".

"Crise civique"

"Bercy nous demande de diminuer d'un tiers la dette locale. Comment ?", s'interroge David Lisnard, observant qu'"en quinze ans, on nous a supprimé trois fiscalités locales (la taxe professionnelle, la taxe d'habitation et la CVAE)".

"L'exécutif a nationalisé nos fiscalités, nous n'avons aucune dynamique de recette dans les communes mais subissons une hausse des charges", plaide-t-il. Les deux présidents d'association affirment être victime d'une forme d'effet ciseau, avec des dépenses en hausse, et des recettes qui "ne progressent même pas au rythme de l'inflation".

"Il n'y a pas une journée sans une séquence de com' du pouvoir avec une dépense qui doit être assumée par les autres. Le plan eau ? Le plan vélo ? C'est à nous d'assumer", critique ainsi David Lisnard.

"Cette incohérence de l'exécutif alimente la crise civique. Nous n'y comprenons plus rien et les habitants non plus", appuie le maire (LR) de Cannes. Les deux exhortent donc l'exécutif à "restaurer les libertés locales", "avec un nouvel élan de décentralisation qui ne soit pas du vent", selon les mots de David Lisnard.

"Donner plus de pouvoir localement, ce n'est pas une question politicienne. Ce n'est ni de droite, ni de gauche. C'est de la vitalité de notre République qu'il s'agit, alors que nous voyons les populismes monter", insiste Carole Delga, qui appelle à "sortir d'un système vertical et descendant pour un système transversal, qui part du terrain".

AL. avec AFP