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Près de 31.000 personnes ont été victimes de conducteurs non couverts par les assurances en 2018: "C'est un risque incalculable qui peut bousiller une existence"

Selon Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, le nombre d'automobilistes qui roulent sans assurance avoisine les 800.000. Des personnes qui s'exposent à des poursuites judiciaires et des amendes colossales.

En France, près de 800.000 véhicules rouleraient sans assurance. Et ces conducteurs non-assurés qui provoquent des accidents coûtent cher: 119 millions d’euros de fonds publics ont été mobilisés pour les indemniser. 

Près de 31.000 personnes ont été victimes de conducteurs non couverts par les assurances en 2018, un chiffre en augmentation de 12% depuis 2013 pour l'ensemble des accidents, selon un rapport publié mercredi par le Fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages (FGAO).

Dans le détail, sur les 30.873 victimes de la circulation automobile prises en charge par le FGAO, 25.973 ont été victimes de conducteurs non assurés, 3.772 de conducteurs non identifiés et 1.128 de conducteurs non garantis, c'est-à-dire dont l'assureur a contesté la couverture, comme par exemple en cas de fausse déclaration. 

Parmi les victimes, 109 personnes sont décédées et 9518 blessées l'an dernier. Un chiffre en hausse de 21% sur cinq ans.

Sans la vignette verte, l'assurance, obligatoire pour chaque propriétaire d'un véhicule, pas de responsabilité civile pour le conducteur en tort. En cas d'accident, il est donc responsable sur ses biens des dégâts causés à ses victimes.

Sauf que le coût total des accidents de la route peut parfois être exorbitant. Les conducteurs fautifs n'ont donc pas toujours les capacités financières pour indemniser le ou les victimes. 

"Un risque incalculable"

C'est pour cela qu'un Fonds de garantie des assurances obligatoires (FGAO) existe. Pour Julien Rencki, directeur général du Fonds de garantie, la hausse du coût des indemnisations est problématique.

"C’est un fléau cette non-assurance pour les victimes qui en subissent les conséquences, pour les auteurs aussi. Ce sont des montants qui peuvent être vraiment importants parce que pour les victimes qui sont gravement blessés ça peut représenter plusieurs millions d’euros. Et donc pour les auteurs non-assurés, nous allons leur réclamer ces montants, et nous allons parfois leur demander de rembourser pendant toute leur vie. C’est aussi un point qu’il faut prendre en compte avant de choisir de ne pas s’assurer. Alors que d’ailleurs, ne pas être assuré est un délit, lourdement sanctionné", explique-t-il. 

Pour Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, choisir de ne pas s’assurer "est un risque incalculable qui peut bousiller leur existence". Surtout que, selon lui, l’assurance automobile en France est l’une des moins chères en Europe. 

Rémi Ink avec Guillaume Descours