Loi Duplomb: le secteur de la noisette réclame un néonicotinoïde pour sauver ses cultures

Alors que les agriculteurs mènent actuellement des opérations escargots jusqu'à Paris pour défendre la loi Duplomb, les écologistes et les ONG de défense de l’environnement haussent aussi la voix.
Dans une lettre ouverte à l'intention des députés ce lundi matin, 26 associations engagées pour la santé, l'environnement ou le bien-être animal fustigent un texte jugé "dangereux".
"Voter la loi sur les contraintes agricoles entraînerait une régression profonde de la protection de la santé des consommateurs et de notre environnement ! Ce texte n'est ni dans l'intérêt général, ni dans celui des agriculteurs", dénoncent-ils.
Et parmi les points de tension, la réintroduction de l'acétamide, qui divise aussi les parlementaires. L'insecticide néonicotinoïde est pourtant considéré comme indispensable par les producteurs de noisettes.
"Un goût de punaise"
Dans son verger de noisetiers dans le Lot-et-Garonne, Axel Crestian, président de l'association nationale des producteurs de noisettes, est un fervent défenseur du produit.
"C'est inimaginable, là, les punaises qu'on a maintenant, c'est une totale invasion", explique le producteur, qui voit les insectes ravageurs partout autour de ses cultures.
"Une fois que la noisette est formée, la punaise peut traverser la coque et la piquer. Ça fait de petits nécroses et ça donne un goût amer - un goût de punaise - à la noisette", continue-t-il, photo à l'appui, des taches sur sa production.
Et pour venir à bout de ces insectes, un seul produit est efficace selon lui : l'acétamipride, un néonicotinoïde autorisé en Europe jusqu'en 2033 mais interdit en France.
"Au moins autorisez-nous à produire comme les Italiens ou les Espagnoles ! Donnez-nous le temps de trouver des solutions alternatives ! ", interpelle Axel Crestian, qui en appelle à la responsabilité des députés.
Danger pour les abeilles
Mais le producteur n'est pas le seul à vouloir défendre sa production. Non loin de là, Henri Clement, apiculteur en Lozère et porte-parole de l'Union nationale de l'apiculture française, s'inquiète quant à lui du danger que représente le produit pour les abeilles.
"C'est des neurotoxiques, donc ça attaque le système neuronal de l'abeille, ça l'handicape, et ça la perturbe tellement qu'elle en périt", décrit le responsable, très inquiet d'un potentielle retour de l'acétamipride dans les cultures.
"On a mis plus de 25 ans pour les faire interdire, ce n'est pas aujourd'hui qu'on va commencer à la réautoriser !", ajoute-t-il.
Un combat que les apiculteurs ne comptent pas abandonner. Quitte à, eux aussi, crier leur colère dans la rue pour défendre leurs intérêts.