Patron de cirque, j’arrête les numéros avec les animaux: un jour ou l'autre, ce sera interdit

Un numéro de cirque aux Etats-Unis. - AFP
André-Joseph Bouglione, directeur du cirque Joseph Bouglione dans les Yvelines.
"C’est une décision très personnelle et cela faisait quelques années que nous y pensions. Nos animaux devenaient très vieux, si on renouvelait le cheptel on en reprenait pour 20 ans de tournées avec des animaux. Dans la profession tout le monde est d’accord sur une chose: nous vivons avec une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, c’est la loi d’abolition du recours aux animaux dans les cirques. Elle a été prise en Angleterre, en Belgique, au Danemark…
Aujourd’hui je n’ai plus qu’un poisson rouge. Les derniers animaux que nous avons placés, c’était trois vieux chevaux il y a huit mois. Nous n’avions pas prévu de faire une communication là-dessus et d’utiliser notre renoncement à la présentation d’animaux comme un argument commercial. On a donné une interview au Courrier des Yvelines. Ensuite, 30 millions d’Amis a fait une interview. Depuis il y a un effet d’avalanche.
Il y a beaucoup d’hypocrisie dans le métier, et beaucoup de cirques ne l’admettront pas en public. Mais à huis-clos, c’est quelque chose que nous savons parfaitement: les animaux dans les cirques seront interdits un jour ou l’autre. J’ai 43 ans, je suis un jeune grand-père, et dans 20 ans, ma petite-fille sera en âge d’avoir des fauves. L’héritage que je lui aurai laissé serait criminalisé par une loi. C’est humiliant, et je ne supporte pas d’envisager cette idée de salir un héritage aussi précieux.
"Je n’ai jamais eu l’impression que les fauves ressentaient mon travail avec eux comme une torture"
Je n’ai jamais eu l’impression de voir des animaux maltraités ou malheureux dans un cirque. Je n’ai jamais eu l’impression, alors que j’ai eu des fauves toute ma vie, qu’ils ressentaient mon travail avec eux comme une torture. Mais on doit retrouver l’adéquation du plus grand nombre des Français. Aujourd’hui, 80% d'entre eux se déclarent sensibles à la cause animale. C’est un signal très fort pour l’avenir.
Je n’ai pas la prétention d’être un porte-parole. La profession pour l’instant a du mal a l’accepter, j’ai l’impression d’avoir brisé un tabou. Et un tabou que rien ne justifie. Parce que la situation sera imposée par la loi de toute manière, et ça, tous les directeurs de cirque en France s’accordent à le dire. Il faut se secouer et plutôt chercher des solutions d’avenir que de rester dans le passé".
Le Cirque d'hiver Bouglione continue les spectacles avec animaux
Attention à la méprise. Le Cirque d'hiver-Bouglione continue de son côté de présenter des spectacles avec des animaux. Il reproche d'ailleurs à André-Joseph Bouglione, "un cousin de la famille sans aucun rapport avec celui-ci" de "créer la confusion" en annonçant qu'il arrête les spectacles avec des animaux, "sans doute pour des raisons économiques". Le Cirque d'Hiver Bouglione rappelle qu'il a "toujours été attentif au bien-être des animaux" et qu'il s'est toujours "doté de moyens financiers pour leur assurer la qualité de soins et le meilleur hébergement".