Albi, épicentre inattendu de la mobilisation contre la réforme des retraites ce jeudi
Cinquième jour de mobilisation contre la réforme des retraites. Le renseignement territorial attend une mobilisation en baisse sur l'ensemble du territoire: 200 actions sont prévues, et pourraient mobiliser 450.000 à 650.000 personnes, dont 40.000 à 70.000 à Paris.
Paris qui ne sera pour une fois pas l’épicentre du mouvement de contestation. C’est Albi, ville moyenne, qui est ce jeudi la capitale inattendue de la mobilisation contre la réforme. Les 9 dirigeants des syndicats ont décidé de se décentraliser, direction le Tarn, et sa préfecture, Albi, pour un défilé qui partira à 14h30.
Les syndicats n'ont bien sûr pas choisi l'Occitanie pour son soleil, qui s'annonce radieux ce jeudi à Albi. Mais c'est d'abord une région qui n'est pas encore en vacances, condition indispensable pour mobiliser en masse. C'est aussi une région où les cortèges ont été très nombreux et très fournis depuis le début du mouvement.
Le choix final s'est porté sur Albi parce que les militants locaux s'entendent bien. Cette cité au passé ouvrier a aussi l'avantage d'être à moins d'une heure de route de l'aéroport de Blagnac, où atterriront les leaders syndicaux comme Laurent Berger ou Philippe Martinez, attendus presque comme des rock stars.
Les défilés prévus dans les villes des départements voisins ont d'ailleurs été avancés au matin pour permettre aux manifestants de les retrouver. Les syndicats attendent 30.000 personnes pour cette commune de 50 000 habitants, ce qui serait de mémoire albigeoise, la plus grosse mobilisation de l'histoire de la ville.
Et si Albi est l’épicentre de la contestation, ce n’est pas un hasard selon Michel, car selon lui, “Albi et le Tarn sont des terres de résistance”. “C’est le côté Jaurès peut-être qui ressort, ou Toulouse-Lautrec, qui était un rebelle aussi”, indique-t-il.
Une mobilisation historique
Le choix d’Albi procure un sentiment de fierté à Karim.
“C’est important qu’il y ait une grande reconnaissance nationale par les grandes centrales syndicales, c’est flatteur qu’ils aient choisi Albi”, juge-t-il.
Si Philippe Martinez de la CGT et Laurent Berger de la CFDT seront en tête du cortège, cela n’impressionne guère Luc, gérant d’une crêperie, et hostile à la réforme. “On n’a pas attendu pour se mobiliser et être aussi nombreux Martinez ou Berger! Je pense qu’ils sont plutôt là pour la communication ou pour se faire voir”, assure-t-il.
À 500 mètres de là, dans le local de la CFDT, Valérie Miailhes ne cache pas que depuis quelques heures, le téléphone n’arrête pas de sonner.
“Depuis des jours et des jours, des militants nous appellent pour savoir comment cela va être organisé, beaucoup veulent venir pour montrer leur mécontentement et le refus de cette réforme”, indique-t-elle.
De nombreux cars sont attendus en milieu de matinée, ils transporteront des manifestants en provenance des départements voisins.