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Barrages de migrants à Calais: "Ce sont des attaques de diligences"

L'accident sur l'A16, le 20 juin 2016 à Guemps près de Calais, a entraîné la mort d'un conducteur.

L'accident sur l'A16, le 20 juin 2016 à Guemps près de Calais, a entraîné la mort d'un conducteur. - AFP

Dans la nuit de lundi à mardi, un chauffeur de camionnette est décédé sur l’A16 après un barrage de migrants. Ceux-ci coupent la circulation avec des troncs d’arbres pour tenter de monter à bord des véhicules à destination de l’Angleterre. Sébastien Rivera, secrétaire général de la Fédération nationale des transporteurs routiers du Pas-de-Calais, s’inquiète du retour de ces méthodes aux alentours de Calais.

Sébastien Rivera est le secrétaire général de la FNTR 62.

"L’événement dramatique qui s’est passé cette nuit, on le craignait depuis longtemps. Avant le démantèlement de la jungle, ces barrages sur l’autoroute étaient quotidiens. Et on dénonçait déjà la dangerosité des attaques subies par les usagers de la route et notamment les conducteurs de poids lourds et de véhicules légers. Ce sont des attaques de diligences. Avec des rondins de bois jetés sur la chaussée, parfois enflammés pour stopper le flux des véhicules, afin que les migrants puissent entrer par effraction.

Depuis le démantèlement de la jungle, ça allait nettement mieux. Mais depuis deux ou trois semaines, ces événements commençaient à se multiplier. On en a tous les deux ou trois jours, et au même endroit. Il n’y a pas de solution miracle, parce que c’est un phénomène qui dépasse Calais. La difficulté, et ce que l’on souhaite éviter, c’est qu’il y ait de nouveaux points de fixation sur Calais. Ne pas créer une jungle bis, un autre camp. Il faut éviter de recommencer les erreurs du passé. Ces camps servent de base pour les migrants et leurs passeurs et facilitent ce genre d’attaques. Les migrants ou leurs passeurs sont parfois aidés par des associations qui les emmènent jusqu’à un point.

On ne nie pas la situation globale des migrants. Mais on dénonce leur façon de faire. Il y a une insécurité pour nos conducteurs et nos véhicules. Ce que l’on souhaite, c’est qu’il y ait une liberté de circulation sur Calais et sur le tunnel. Il ne faut pas que ça redevienne une zone de non-droit comme ça l’a été pendant presque une année en 2016. L’an dernier, j’avais été pris dans ce genre de barrage, je peux vous assurer que c’est assez traumatisant.

"Il ne faut pas autoriser les distributions de repas sur Calais, c’est absurde"

L’action policière qui est en place doit être soutenue et accentuée, et pas dénoncée comme on le voit dernièrement. Il y a une certaine pression, notamment du défenseur des droits, pour dénoncer cette action policière. Mais elle est indispensable. Que des conditions d’accueil soient offertes aux migrants, bien entendu. Mais pas sur Calais. Il ne faut pas autoriser les distributions de repas sur Calais, c’est absurde. C’est favoriser ce qui s’est passé hier soir. C’est ce qui m’enrage aujourd’hui: on ne traite pas le problème dans sa globalité.

On ne tient pas compte des atteintes à la liberté de circulation. Ce que l’on regrette aussi, c’est l’absence totale de réponse judiciaire. Lorsque les migrants occasionnent ces barrages, lorsqu’ils détériorent les véhicules, il y a très peu voire pas du tout de poursuites judiciaires. Finalement, pourquoi les migrants changeraient leurs méthodes actuelles?

On n’est toujours pas au niveau de l’an dernier. Mais ça commence à se multiplier depuis deux ou trois semaines. Jusqu’à il y a une semaine, j’avais très peu de remontées de mes transporteurs. Alors que l’an dernier c’était quasiment quotidien les véhicules caillassés, de pare-brises brisés, de bâches arrachées, de conducteurs qui démissionnaient parce qu’ils n’en pouvaient plus. On en est pas encore là. Mais il y a une inquiétude qui monte à cause de ces multiplications de barrages nocturnes".

Propos recueillis par Antoine Maes