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Cédric Le Gallo, réalisateur: "On voulait dénoncer cette homophobie d'État en Russie"

Cédric Le Gallo, réalisateur, était l'invité de RMC pour son second film "La revanche des crevettes pailletées" qui raconte le climat homophobe en Russie. Une histoire tournée en Ukraine avant le déclenchement de la guerre.

"On a l'impression d'être libre et tout peut s'arrêter du jour au lendemain". C'est pour cette phrase que le réalisateur Cédric Le Gallo, invité ce dimanche de la Matinale week-end de RMC, a ressorti sa caméra. Après "Les crevettes pailletées", succès du premier confinement, il co-réalise avec Maxime Govare "La revanche des crevettes pailletées", qui sort en salle le 13 avril 2022. Alors que le premier opus montrait un homophobe envoyé dans une équipe de water-polo gay, là, c'est l'équipe de water-polo qui se retrouve coincée en Russie, dans une région particulièrement homophobe.

Monter la réalité de ce qu'est la Russie de Poutine dans sa répression contre les homosexuelles, c'est ce que souhaitait faire Cédric Le Gallo:

"On voulait plonger les crevettes dans un milieu hostile. En Russie, c'est inscrit dans la loi, la loi anti-propagande LGBT, qui interdit deux hommes de se tenir la main dans la rue. C'est pour cela que nous n'avons pas pu tourner en Russie. On voulait dénoncer cette homophobie d'État qui s'installe aussi dans la population, où 92% des Russes sont homophobes, selon un sondage", explique le co-réalisateur.

Le réalisateur dit s'être "beaucoup documenté" sur ce qui se passe en Russie contre les gays, et montre dans le film les thérapies de conversions, les chasseurs de gays. Malgré tout, il a pris "le choix d'en rire" et de passer par la comédie et l'humour pour en parler car dans sa propre équipe de water-polo, "il y a beaucoup d'humour".

Un film tourné en Ukraine

Pour Cédric Le Gallo, le film semble réaliste car il a été en partie tourné dans d'anciens pays soviétiques et notamment en Ukraine, avant le début de la guerre qui frappe le pays. Certains acteurs locaux ont notamment pris les armes depuis le début du conflit:

"Tous les jours, j'ai de leurs nouvelles. Ils m'envoient des vidéos de Kiev. Certains ont réussi à venir à Paris, d'autres sont là-bas et ont pris les armes, alors qu'ils ne sont pas militaires dans des milices para-militaires. Ils le font sans pathos, sans se plaindre. Ce sont des gens très fiers et très résistants", explique le réalisateur.

Il était "impensable" pour eux comme pour lui qu'il y ait une guerre en Ukraine. Cédric Le Gallo explique qu'il avait remarqué que les Ukrainiens "détesent les Russes" et sont "des gens tournés vers l'Europe": "Être à Kiev, c'était comme être à Berlin ou à Londres, on allait au restaurant, en boîte de nuit..."

Le tabou de l'homophobie dans le sport

Si l'histoire des "crevettes pailletées" est issue de sa propre expérience, Cédric Le Gallo assume aussi d'avoir choisi le sport parce que "le sport est un des secteurs où on parle le moins" d'homosexualité, "où c'est encore tabou." Il explique avoir été traumatisé des cours de sport à l'école et la découverte de son équipe de water-polo gay "avec tellement de bienveillance, d'amour, d'énergie positive."

"Être gay dans une équipe de foot, c'est plus compliqué que dans une troupe de théâtre, j'ai l'impression", explique Cédric Le Gallo.

Il considère que c'est l'éducation qui doit être à la base de tout, qu'il faut parler d'homosexualité dans les cours pour normaliser la chose: "l'éducation, c'est la clé de nos sociétés et parler des questions LGBT dès le collège c'est important."

https://twitter.com/mmartinezrmc Maxime Martinez Journaliste RMC