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Agression de Samara: ce que dit le rapport de l’Education nationale

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Après l’agression de Samara (13 ans) à Montpellier le mois dernier, le rapport d’enquête de l’Education nationale a été rendu public ce mardi. Il écarte tout manquement de la part du collège et ne retient pas la piste du harcèlement scolaire.

Le 2 avril, devant son collège de Montpellier, Samara (13 ans) avait été violemment frappée par un groupe de cinq garçons et filles, qui ont été mis en examen pour tentative d’homicide. Elle s'était retrouvée dans le coma. Nicole Belloubet, la ministre de l’Éducation nationale, avait demandé une enquête administrative. Et les résultats de l'enquête du ministère de l’Education nationale étaient très attendus parce que la mère de Samara, juste après l’agression de sa fille, avait dénoncé le fait que son collège n’avait pas su la protéger. Après enquête, le ministère répond: pas du tout, il n’y a eu aucun manquement de la part de l’établissement.

Le rapport détaille cette journée du 2 avril dernier. Samara, 13 ans, a été vue par son professeur principal à 12h30, alors qu’elle avait une altercation avec un autre élève. Le professeur est intervenu deux fois pour calmer tout le monde. Il n’y a pas eu de violence à ce moment-là. Puis le prof a eu la mère de Samara au téléphone et il lui a suggéré de venir chercher sa fille à 16h30. Mais il n’a pas insisté parce que rien ne laissait présager quelque chose de grave.

La mère de Samara affirme qu’elle a appelé le collège pour demander que sa fille ne sorte pas à 16h30. Et c’est selon elle la faute principale de l'établissement: n’avoir pas pris en compte sa demande. Sauf que c’est faux, d'après le rapport. La mère n’a pas appelé le collège, n’a pas demandé que sa fille ne sorte pas… Les inspecteurs indiquent qu’après avoir procédé à des vérifications, rien ne corrobore les propos de la mère de Samara.

Un suivi resserré

La mère de Samara accuse aussi le collège de ne pas avoir mesuré le harcèlement dont sa fille était victime. Là encore, les inspecteurs de l’Education nationale contestent ces accusations. Samara était effectivement en conflit depuis l’année précédente, en 5e, avec une élève qui lui reprochait de publier sur les réseaux sociaux des photos des élèves sans leur accord. Le rapport indique que le collège s’est préoccupé de ce conflit dès le printemps dernier, que Samara a été reçue et qu’elle a indiqué que c'était une histoire ancienne et réglée, et elle n’a pas voulu donner les noms de ceux qui la harcelaient.

En janvier 2024, la vie scolaire a de nouveau fait un signalement pour protéger Samara, estimant qu’elle était souvent en conflit avec les autres élèves. La collégienne a de nouveau été reçue par une adulte référente et invitée à prévenir si elle avait de nouveaux problèmes. Elle a ensuite fait l’objet, depuis le mois de mars, d’un suivi resserré. A en croire le rapport, l'équipe du collège a fait son travail. Et c’est d’ailleurs un collège ou les questions de harcèlement sont prises très au sérieux.

"Le sujet communautaire n’est pas absent mais il n’a pas joué un rôle prépondérant"

La mère de Samara conteste les conclusions de ce rapport, forcément, parce qu’elles sont assez défavorables pour elle. Ce qu’elle vit mal. "On me traite de menteuse", dit-elle ce mercredi matin sur RMC. Elle se sent trahie, a fait savoir son avocat, selon lequel il y a une forme de corporatisme des enseignants. Il s'étonne que Samara n'ait pas été entendue par les inspecteurs. Ce que confirme le rapport, qui indique qu’elle n’a pas été auditionnée parce qu’elle refuse de s’exprimer sur ce qui s’est passé avant l’agression.

Reste la question du communautarisme et de la religion. C’est ce qui a fait que cette agression a fait la une des médias. La mère de Samara avait indiqué que sa fille était harcelée parce qu’elle s'habillait "à la française". Le rapport le constate mais relativise: "Le sujet communautaire n’est pas absent mais il n’a pas joué un rôle prépondérant". Et sur ce point, l’avocat de la mère de Samara est d’accord: ce n’est pas un élément important du dossier.

Ce qui a surtout été déterminant, ce sont les réseaux sociaux. Et notamment ces pages "fisha" où les jeunes postent des photos humiliantes. Ce sont donc les principales conclusions de ce rapport qui émane de l’Education nationale et exonère l’Education nationale. Parallèlement, l'enquête judiciaire se poursuit.

Nicolas Poincaré