"C’est catastrophique": le témoignage alarmant d’un prof sur les violences au collège

Deux collégiens dans un état grave, en deux jours. A Montpellier, Samara (13 ans) a été agressée à la sortie des cours ce mardi. Et à Viry-Châtillon, le pronostic vital d’un jeune de 15 ans est engagé après qu’il a été passé à tabac lui aussi en quittant son collège. "Ça fait peur, ça peut arriver à tous les enfants, confie Nadia, maman de cinq enfants, dont le dernier a 15 ans, sur RMC. On est très inquiets, on redouble de vigilance et on pose énormément de questions à nos enfants. Je lui demande tous les soirs s’il a eu des problèmes à l’école, je prends les devants. Je surveille ce qu’il regarde sur son ordinateur, sur son téléphone. Je suis présente, limite mère poule."
Eric, professeur de sport au collège, n’est pas malheureusement pas surpris par ces déchaînements de violence. "C’est le ‘pas de vague’, il n’y a rien qui est fait, c’est de la poudre aux yeux, témoigne-t-il dans Apolline Matin. On nous demande d’être bienveillants depuis plus de dix ans. Vous vous rendez compte? C’est dramatique depuis des années. On le voit venir depuis cinq, six ans. On n’est pas surpris. Avec les élèves, il ne faut pas de problème… Les chefs d’établissement ont des primes si un élève n’est pas exclu, donc il n’y a plus d’exclusion. Sur les bulletins, en conseil, il ne faut plus rien dire, il ne faut plus mettre ‘élève agité’. C’est catastrophique."
Et les enseignants sont aussi victimes. "Nous, déjà, on est agressés verbalement, explique Eric. On peut se faire insulter. Il y a quelques années, j’ai dû intervenir dans la cour. Là, je ne le fais plus. Derrière, on sait qu’on sera tout seul, qu’on ne sera pas défendu. On se met à distance. Si vous avez le malheur de séparer des élèves, on va vous le reprocher, les supérieurs, les parents… On a le logiciel Pronote où on peut communiquer avec des parents d’élèves. Dès qu’on dit que leur enfant est agité, c’est catastrophique. On se fait agresser, on a des mots qui sont très virulents."
"Maintenant, ce sont toutes les classes qui sont difficiles"
Quant aux élèves, ils n’ont plus de limites. "Il y a des élèves en pleurs à la sortir des récréations, confirme ce prof. Entre eux, c’est catastrophique. Au sport, les élèves règlent leurs comptes dans les vestiaires, dans les couloirs des gymnases, sur le trajet… Ça ne sert à rien de faire des retours. Il ne faut pas mettre d’heures de colle, comme il y a peu de surveillants. Il ne faut plus rien faire."
Une situation qui l’amène à s’interroger sur son avenir dans le milieu scolaire. "Il y a 40% des jeunes profs qui démissionnent, souligne Eric. Moi, je cherche autre chose. Je tiens, il y a de temps en temps des cours qui se passent bien. Et on ne peut pas s’occuper des bons élèves, c’est ça qui est catastrophique. Et ce n’est pas étonnant. Avant, on avait une classe difficile de temps en temps. Maintenant, ce sont toutes les classes qui sont difficiles. On a 50% voire plus d’élèves difficiles. C’est tendu entre les élèves. Entre eux, ils sont très agressifs, très méchants. Ça peut éclater à tout moment et n’importe où. Les ministres de l’Education nationale ont fait énormément de mal depuis qu’il a fallu dégraisser le mammouth."