"Des annonces déconnectées": les syndicats font le bilan de Gabriel Attal à l'Education nationale

Il sera resté moins d'une année scolaire à la tête des écoles de France. Le nouveau Premier ministre Gabriel Attal a quitté son poste de ministre de l'Éducation nationale pour prendre la place d'Elisabeth Borne à Matignon, moins de six mois après sa nomination en juillet dernier.
De quoi laisser une impression mitigée aux enseignants de l'Education nationale. "Il n'a pas marqué le quotidien des professeurs", déplore dans Apolline Matin, ce mercredi sur RMC et RMC Story, Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, le syndicat national des enseignements de second degré.
"Il a beaucoup parlé, il y a eu un tourbillon d'annonces médiatiques mais à la rentrée 2023, il manquait toujours beaucoup de professeurs et beaucoup n'ont pas été remplacés. Il a annoncé plein de choses mais ça n'a pas changé le quotidien des profs", ajoute la syndicaliste.
L'Éducation nationale comme "marchepied vers le pouvoir"
Primaire, collège, lycée, tous les syndicats enseignants sont d'accord sur un point: Gabriel Attal était un ministre à l'écoute et les réunions de travail ont été nombreuses ces cinq derniers mois. Son départ soudain entraîne donc quelques regrets. "On ressent beaucoup de mécontentement et de colère de changer à nouveau de pilote. L'école a besoin de stabilité", déplore Elisabeth Allain Moreno, secrétaire générale de l'Unsa. "L'école est une variable d'ajustement d'un remaniement gouvernementale", déplore-t-elle.
Même sentiment chez les enseignants des écoles primaires. Guislaine David, la porte-parole du SNUipp-FSU, regrette que la carrière politique passe avant l'intérêt de l'élève: "On a un ministre qui s'est servi du ministère de l'Education nationale comme un marchepied vers le pouvoir donc on va prendre du retard sur un certain nombre de dossiers", ajoute-t-elle. "Il était là pour appliquer le programme du président de la République, quitte à aller trop vite", abonde Sophie Vénétitay.
"Il a bien commencé puis il est parti dans un tourbillon d'annonces déconnectées"
Du côté des bons points, Gabriel Attal avait au moins un poids politique, "ce qui changeait de Pap Ndiaye", note Sophie Vénétitay. "Il a bien commencé sur le calendrier du baccalauréat puis il est parti dans un tourbillon d'annonces déconnectées de la réalité notamment sur l'uniforme", ajoute-t-elle, déplorant que la lutte contre le harcèlement scolaire n'ait pas été accompagnée de renfort de personnel, notamment chez les CPE.
Gabriel Attal n'abandonne cependant pas complètement l'Education nationale. Le nouveau Premier ministre a promis d'emmener avec lui la cause de l'école. C'est ce qu'espère Jean-Rémi Girard, président du SNALC, le syndicat national des lycées et collèges: "Il est à Matignon donc il pourra toujours avoir un œil sur l'Education nationale. On dit que l'éducation est une priorité, il va falloir le prouver".
Gabriel Attal laisse derrière lui un vaste chantier que devra poursuivre son successeur, l'attractivité du métier d'enseignant.