Ils ont mis leur enfant dans le privé: "C'est le seul moyen d'offrir une bonne éducation à nos enfants"

- - AFP
Anissa, a trois enfants de 8, 6 et 4 ans. Ils sont scolarisés dans une école privée depuis la maternelle.
"Je voulais les scolariser dans une école bilingue réputée de Lyon, pour qu'ils soient bilingues. Dans cette école, les enfants viennent de pays et de cultures différents. J'ai des origines algériennes, et je suis de confession musulmane, et il était important pour mes enfants qu'ils n'aient pas l'impression de sortir du lot. Là, les enfants viennent de tous pays et ont une ouverture d'esprit. Moi, j'avais eu une mauvaise expérience de l'école publique. Je n'avais pas aimé le comportement des enseignants, le fait de me sentir différente des autres. Au collège, dans le public, si vous venez de classe sociale défavorisée, on vous bifurque vers les BEP ou les CAP. Je voulais mettre mes enfants dans une école où l'égalité des chances pour tous est réelle.
Je trouve aussi que l'enseignement public, c'est du bourrage de crâne. Dans l'école privée de mes enfants les après-midis sont dédiées au sport, à la culture. Ils travaillent en jouant, et l'approche pour apprendre est différente. On n'est pas blasés de l'école à 8 ans, quoi. La première chose qui m'a marquée dans le public, c'est que les enseignants n'étaient pas disponibles. Dans le privé, tous les matins, si on a besoin de parler à la maîtresse, elle est disponible. On a toujours la possibilité d'échanger un moment avec eux. Dans le privé, on note tout, on vous explique tout, c'est carré."
"Sauver notre fille en la remettant dans le privé"
Fabienne a trois enfants de 6, 8 et 10 ans, scolarisés dans l'Essonne.
"Ce n'était pas une volonté première de notre part de les placer dans le privé. Mais bien nous en a pris, parce que l'expérience du public, où nous avions scolarisé notre fille aînée, nous a déçus. Avant d'arriver en région parisienne, elle avait de bonnes notes, mais elle s'est écroulée une fois dans cette école publique. On s'est dit qu'on allait la sauver en la remettant dans le privé. Pourtant, nous étions pro-écoles publiques. Mais là, le niveau et l'enseignement était trop mauvais. C'était pourtant une école de centre-ville, pas du tout une école de REP dans un quartier défavorisé.
Cela nous coûte 750 euros par mois de scolariser nos trois enfants dans le privé, mais on est prêts à faire le sacrifice. Aujourd'hui elle fait partie des meilleures. Ce qui nous a plus, c'est que dans le privé on n'hésite pas à faire sauter des classes. Surtout, l'accompagnement est meilleur, bien qu'il y ait autant d'élèves par classe. Là, il y a un vrai cadre de vie scolaire. Le dialogue avec le personnel éducatif est constant.
Ce rush vers les écoles privées ne m'étonne pas. Chaque rentrée la directrice nous explique être sollicitée tout au long de l'année par des parents venant du public. Et dans le privé, ce sont des élèves qui viennent de tous les milieux. On ne roule pas sur l'or, mais on sent que c'est le seul moyen d'offrir une bonne éducation à nos enfants."
"On n'était pas loin d'une cité…"
Nadia, a oscillé entre scolarisation publique et privée pour son fils. Elle compare les deux.
"Mon fils a un très bon niveau. C'est sa maîtresse qui m'a dit qu'il s'ennuyait et qui m'a conseillé d'aller dans le privé, parce que son établissement n'était pas bon pour lui. C'est elle qui, à ma grande surprise, m'a dit qu'on y entretenait le niveau bas pour pouvoir toucher les subventions. Le niveau effectivement était très bas. On n'était pas loin d'une cité et la majorité des enfants n'avaient pas le niveau.
Mais à mon avis, c'est plus l'environnement qui joue que le fait que ce soit public ou privé. Aujourd'hui, nous avons déménagé en zone rurale et il est retourné dans le public. Le niveau est bon et les élèves sont particulièrement suivis. Ils font notamment beaucoup d'activités extra-scolaires. Le privé n'est pas forcément mieux que le public. Je suis déçue par ce rush vers le privé, car cela veut dire que le public ne fait pas son travail, alors que l'on paie des impôts."