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Une bourgade du Lot rouvre sa propre maternelle: "On perdait notre école, le poumon de notre village"

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Privé de son école publique, le village de Molières a ouvert in extremis sa propre maternelle. Une école privée hors contrat, qui accueille depuis la rentrée une dizaine d'écoliers. Tout l'été, l'association "Les pitchouns à Molière" s'est démenée. Recruter une enseignante dans les temps, aménager la classe... Stéphanie, sa présidente, raconte pour RMC.fr.

Stéphanie habite à Molières, dans le Lot. 

"En 2016, on avait toujours une école à Molières. Elle était en regroupement pédagogique intercommunal (RPI) avec les petites communes voisines d'Anglars et Saint-Maurice. L'école de la première ayant été fermée, ce roulement n'avait plus lieu d'être. On a été incité à nous rapprocher des écoles les plus proches. Durant quelques temps, on a pu maintenir la classe de CP et CE1 avec 21 élèves. Mais, en février 2017, on nous a annoncé la fermeture. Que l'école de Molière n'existera plus.

On s'est aussitôt mobilisés pour manifester notre mécontentement. On a reçu le soutien de la quasi-totalité des habitants. On a déposé un recours au Tribunal administratif, pour prouver que la fermeture n'était pas légitime.

Des aménagements avaient pourtant été réalisés l'année précédente. L'accessibilité avait été facilitée, des ordinateurs ont été achetés pour les élèves…

"On perdait le poumon de notre village"

Géographiquement, on est à 3 kilomètres de l'école de Leyme, la commune la plus proche. Mais ce n'était pas pour une question de praticité, de commodité. On perdait notre école, le poumon de notre village. Dans notre commune de 380 habitants, il y a tout de même 38 élèves, sans compter les collégiens et les lycéens. 

Nos locaux étaient adaptés, aux normes. C'est pour ça que l'on a décidé de créer cette école maternelle dans les locaux de l'ancienne école primaire.

Avec l'impulsion du conseil de la mairie, on a créé l'association "Les pitchouns à Molières" pour pouvoir ouvrir une école privée hors contrat. Elle est financée par l'argent public et est à 100% gratuite. La mairie a investi 25.000 euros. Le maire a préféré, c'est tout à son honneur, choisir un investissement sans rentabilité. Même l'inspecteur d'académie l'a salué. 

"Il n'y a aucune confession religieuse"

Autrefois, 21 enfants étaient répartis sur deux salles, deux classes, plus la cantine. Aujourd'hui, les élèves sont au nombre de 10. Ils ont une salle de classe, une salle de motricité et un espace de sieste. Il y a eu très peu d'investissements à réaliser. Il a fallu l'adapter un peu : acheter des toilettes, des jeux plus adaptés aux maternelles… On a aménagé les tables, les chaises... Mais c'était minime.

La plus grosse charge, c'est de payer l'institutrice. On a fait appel à des sociétés de recrutement. Quatre candidats se sont présentés. Celle que l'on a gardée venait d'une commune voisine, mais n'avait pas été admissible à son concours pour être prof (CAPES). L'enseignement sera tout à fait identique à une école maternelle classique. L'école est privée, hors contrat, mais il n'y a aucune confession religieuse.

"On cherche toujours à obtenir des fonds pour soulager la mairie. On voudrait l'agrémenter, créer du dynamisme, ouvrir des jeux et des sorties scolaires…"

Quelques habitants, vraiment très peu, deux ou trois, n'ont pas souhaité y mettre leurs élèves. Ils sont partis dans des écoles environnantes. De notre côté, on ne voulait pas non plus dépasser une quinzaine d'écoliers. On veut que cette école soit participative avec un groupe raisonnable. Ils peuvent quand même déposer leurs enfants à la garderie.

Vu la politique actuelle de l'Education nationale, on n'avait pas d'autre choix. Concernant notre recours, on attend toujours la date de l'audience du tribunal administratif...."

Propos recueillis par Paul Conge