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"Je comprends que ça choque": contre Tiktok, les députés veulent sanctionner lourdement les parents

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Pour lutter contre Tiktok et ses effets néfastes sur les adolescents, les députés veulent créer un délit de négligence numérique puni de 2 ans d'emprisonnement. Laure Miller explique sur RMC pourquoi sa commission veut également interdire le réseau social chinois aux moins de 15 ans.

Contenus violents, propos masculinistes, désinformation sur la santé... La commission d’enquête parlementaire sur les effets psychologiques de Tiktok sur les mineurs, publie son rapport ce jeudi.

Le réseau social chinois y est qualifié par les parlementaires de "fabrique du mal-être". Dans ce rapport de 300 pages, la commission d'enquête s'inquiète du rôle de Tiktok dans l'émergence de troubles psychiques chez les mineurs, pouvant aller parfois jusqu'au suicide.

Dans ces conditions, la commission pousse les autorités à agir. Au menu des préconisations, la création d’un délit de négligence numérique pour les parents irresponsables, à destination de ceux qui ne protégeraient pas suffisamment leurs enfants en se désintéressant de ce que font leurs enfants sur leur smartphone. Et ils leur appartiendraient de s'y intéresser.

L'actrice du jour : Laure Miller - 11/09
L'actrice du jour : Laure Miller - 11/09
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"Je comprends que cela puisse choquer", admet ce jeudi sur RMC et RMC Story Laure Miller, députée EPR de la Marne et rapporteur de la commission d'enquête. Mais cette mesure ne viendrait pas avant "une sensibilisation massive". "Il faut qu'on puisse sensibiliser davantage les parents, les enfants et toute la société sur le sujet", prévient l'élue.

Une fois cette sensibilisation effectuée, d'ici 2 ans, les autorités pourraient créer ce délit de négligence numérique qui serait puni de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d’amende.

Aider des parents dépassés

Agir auprès des parents est nécessaire insiste Laure Miller: "Il y a une partie évidente des parents qui ne sait pas ce qu'est l'impact des écrans et des réseaux sociaux sur la santé physique et mentale de leur enfant".

Tiktok est le réseau social le plus utilisé par les adolescents. Près de trois-quarts des 12/15 ans affirment consulter Tiktok au moins une fois par jour. Et ils y passent en moyenne près de 1h30. Résultat, ceux-ci peuvent y consulter des contenus néfastes sans limite: "C'est la logique économique de Tiktok de pousser ces contenus en avant et enfermer l'enfant dedans, avec un effet sur la santé mentale".

"Avec un usage même raisonné des réseaux sociaux, l'enfant peut être enfermé dans une spirale de mal-être et avoir du mal à s'en sortir", poursuit l'élue.

Il y a aussi un impact sur le sommeil "qui est altéré en termes de quantité et de qualité", poursuit Laure Miller qui ajoute que Tiktok entraîne également des troubles de l'attention: "On ne supporte plus l'ennui", note-t-elle.

Pause numérique et couvre-feu

Dans ces conditions, la Commission recommande d'interdire les réseaux sociaux avant 15 ans. Une manière de venir au secours des parents: "On a des parents dépassés, qui doivent négocier avec leurs enfants pour arrêter de regarder. Si nous on arrive à mettre dans la loi une interdiction, cela pourra faciliter le travail de nombreux parents. Ils pourront s'appuyer sur une règle de société, une règle de vie", espère Laure Miller.

La commission parlementaire veut également étendre la pause numérique au lycée en obligeant les élèves à déposer leur portable à l’entrée de l’établissement. Les députés veulent aussi instaurer un couvre-feu numérique entre 22h et 8h pour les moins de 18 ans.

Bérengère Bocquillon avec Guillaume Dussourt