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"Je suis tombée sur l’horreur": cette mère assigne Tiktok en justice pour le suicide de sa fille de 15 ans

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TÉMOIGNAGE RMC. Près de deux tiers des 12-15 ans utilisent Tiktok chaque jour, selon un rapport parlementaire publié ce jeudi 11 septembre. Les députés dénoncent des contenus violents, dangereux pour la santé mentale, et formulent 43 recommandations, dont l’interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans. Un combat partagé par Stéphanie, dont la fille de 15 ans s’est suicidée après avoir été exposée à des vidéos morbides sur la plateforme.

C’est le réseau social le plus utilisé par les adolescents et il est régulièrement pointé du doigt pour ses contenus problématiques. La commission d’enquête parlementaire sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs publie son rapport ce jeudi 11 septembre. Près des deux tiers (64%) des 12-15 ans affirment consulter TikTok au moins une fois par jour. Ils y passent en moyenne près d’1h30. Après une consultation publique qui a reçu 31.000 témoignages, le rapport prône 43 recommandations.

Tiktok est un réseau sur lequel on trouve de tout, explique le rapport, mais surtout beaucoup de désinformation sur la santé, des contenus violents ou des propos masculinistes. En début d’année par exemple, le hastag #skinnytok a inondé la plateforme de contenus qui valorisaient la maigreur extrême. Il a fallu l’intervention du gouvernement français pour que Tiktok finisse par bloquer ce hashtag.

Le rapport prône donc l’interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans, un couvre-feu numérique entre 22h et 8h pour les moins de 18 ans et l’extension de la pause numérique au lycée. Dernière recommandation: créer un délit de “négligence numérique” pour les parents irresponsables. Car, pour une part non négligeable des parents, explique le rapport, les écrans sont une baby-sitter 2.0.

"Je suis tombée sur l’horreur"

Après une consultation publique qui a reçu 31.000 témoignages, ce rapport vise donc à répondre à une véritable inquiétude. Onze familles ont assigné Tiktok en justice pour provocation au suicide ou mise en danger d’autrui. Marie s’est suicidée en 2021, à Cassis, dans les Bouches-du-Rhône. Elle avait seulement 15 ans. Sa maman a accepté de témoigner au micro de RMC.

Marie était une adolescente solaire, raconte sa maman. Mais en 2021, elle commence à être harcelée et se réfugie sur les réseaux sociaux, notamment Tiktok. C’est après son suicide que Stéphanie, sa maman, découvre ce qu’elle regardait sur l’application.

“Quand Marie est partie, il m’a fallu un mois pour regarder dans son téléphone. Et je suis tombée sur l’horreur: des vidéos d'enfants qui se scarifient, qui expliquent comment se tuer, comment faire un nœud pour se pendre. Une ambiance destructrice”, témoigne-t-elle.

Tiktok et son "algorithme dangereux"

Stéphanie sera la première à porter plainte contre Tiktok, qu’elle accuse de chercher à exploiter les failles du cerveau des enfants.

“Il y a un véritable travail qui est fait sur le cerveau des enfants pour les capter dès qu’ils sont petits, comme ça ils ne décrochent plus les yeux de l’application. Tiktok est quand même le réseau où l’algorithme est le plus dangereux. Tiktok adore utiliser la fragilité des jeunes”, conclut-elle.

Stéphanie espère donc que le gouvernement se saisira immédiatement des recommandations du rapport sur les effets de la plateforme sur les mineurs.

Bérengère Bocquillon avec C.A