Niveau d'écriture à l'école: "Il faut revenir à des méthodes plus structurées", estime Jean-Rémi Girard

Le niveau ne cesse de dégringoler. Le premier ministre François Bayrou veut augmenter le temps d’écriture des enfants en classe, et pas seulement en cours de français. L'ancien ministre de l'Éducation nationale dit vouloir "reconquérir l'écrit", face au monde de l'image qui a aujourd'hui "envahi la totalité du champ intellectuel, de la culture". Il est d'ailleurs en déplacement vendredi dans une école pour annoncer des mesures.
Parce que le constat est là: selon les données du ministre de l’Éducation nationale dévoilées à l'automne, "la proportion d’élèves de CM2 faisant 15 fautes ou plus à la même dictée de 67 mots a explosé depuis 40 ans". C'est-à-dire que neuf élèves de CM2 font 15 fautes ou plus sur cette dictée, soit une faute tous les quatre mots. C'est deux fois plus qu'en 1987.
En cause, le manque de temps d'enseignement d'après plusieurs spécialistes. Ils mettent en cause la réduction des heures de français, six heures par semaine au collège en 1980, contre quatre aujourd'hui.
Les années 90 ont fait "beaucoup de mal"
Le constat est partagé par Jean-Rémi Girard, président du SNALC (Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur), invité d'Estelle midi sur RMC. Le professeur de français connaît bien les difficultés des élèves en orthographe ou en grammaire:
"Les élèves baissent dans toutes les catégories sociales sur la partie maîtrise de leur propre langue", assure-t-il. "Même si les catégories sociales favorisées ont de meilleurs résultats (...) tout le monde baisse de niveau".
Mais comment expliquer ces mauvais chiffres ? "On a eu une période où on a abandonné l'enseignement structuré et progressif de la grammaire, dans les années 90, et ça a fait beaucoup de mal", explique le président de la SNALC. "C'est hallucinant de voir où on était en 87 et de voir et où on en est aujourd'hui", déplore-t-il.
Pour rattraper ces mauvais résultats, Jean-Rémi Girard veut que le système scolaire revienne à des méthodes "plus structurées" sur la grammaire. Il souhaite également "des horaires plus importants" dans cette discipline. "Il y a des vrais problèmes de conceptions pédagogiques", conclut-il.