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Éducation

On en avait marre de nos chambres universitaires, alors on a construit notre propre logement

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- - Pierre Lumalé

Ils en avaient marre des chambres universitaires minuscules et des chambres de bonnes aux loyers surgonflés… Sept étudiants bretons ont donc décidé de construire leur propre logement, des maisons en bois écologiques, près de Rennes. "Tout le monde est en capacité de le faire", raconte sur RMC.fr Pierre, l'un de ces étudiants.

Pierre Lumalé est l’un étudiants à l’origine du projet et président de l’association Helicity.

"Quand nous avons commencé nos études en septembre 2015, nous avons échangé sur nos expériences en matière de logement. Il y a ceux qui logeaient dans des petits studios de 9m2 ou dans des chambres de bonnes très étroites. Moi j'étais en colocation et cela ne me plaisait pas, d'autres étaient chez l'habitant... On a donc cherché ce qui pouvait être le logement idéal pour nous. Et c'est là qu'on a décidé de monter ce projet. Ça fait un mois et 10 jours qu'on a commencé la construction, qu'on espère finir le 1er novembre.

C'est un module en forme de U, avec deux bâtiments qui se font face. L'idée c'est de faire une colocation sans les désavantages: on a donc des parties communes pour deux appartements, mais les salles de bains restent privatives. Le logement fait 24m2 de privatif et 13 m2 de commun, donc c'est très spacieux. Pour ce prix-là, c'est sans équivalent. Il y n'a que 4 logements, mais vu que nous allons être amenés à bouger beaucoup – entre les périodes en Erasmus et en stages – on va se les partager.

"Pour ce prix-là, c'est sans équivalent"

La communauté de communes Rennes Métropole, qui a trouvé notre projet intéressant, nous loue un terrain pour 5 ans, pour un loyer assez modeste. Pour financer le projet nous avons utilisé des fonds personnels et contracté des prêts. On doit rembourser entre 400 et 450 euros par mois, alors que sur le campus, le loyer mensuel pour une chambre universitaire est de plus de 500 euros. Surtout qu'à la fin du bail de location du terrain, nous serons propriétaires. A ce moment-là, soit nous prolongerons l'expérience en continuant à utiliser le projet comme des logements, soit on en fera autre chose, une épicerie par exemple.

"Des premiers dessins à la plomberie, on a tout fait"

On a fait des stages tous ensemble pour apprendre les techniques et des professionnels nous ont accompagnés pour qu'on fasse un travail qualitatif. L'idée, ce n'était pas de faire du bricolage. On a tout fait: des premiers dessins de la construction au plan de production, jusqu'à la pose des vis. On a fait la plomberie, l'isolation, l'électricité, le placo, la charpente… des choses qui nous étaient inconnues jusqu'alors. C'était super enrichissant, on a appris à faire des choses manuelles, concrètes. Il y a eu des moments difficiles, mais pas vraiment de galère. La seule, c'était vraiment la météo, mais c'est le temps breton.

Ça demande du temps – on n'a pas pris de vacances cet été – et un investissement personnel important, mais tout le monde est en capacité de le faire. Cela n'a rien d'insurmontable. On espère d'ailleurs transformer l'association pour qu'elle vienne accompagner d'autres projets de ce type à l'avenir".

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- © Pierre Lumalé
Propos recueillis par Philippe Gril