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Suicide d'un ado à Poissy: "Rien n'a changé en 10 ans", témoigne une ancienne victime de harcèlement

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Après le suicide d'un adolescent de 15 ans à Poissy, victime de harcèlement, un ancien élève qui a vécu la même chose estime que rien n'a changé depuis 10 ans.

Une enquête a été ouverte après le suicide d'un adolescent de 15 ans ce mardi à Poissy. Selon le cabinet de Gabriel Attal, le ministre de l'Education nationale, Nicolas s'est pendu dans sa chambre après avoir été harcelé l'année scolaire précédente. Son père avait déposé une main courante en avril et l'adolescent était désormais scolarisé dans un autre établissement.

Un énième drame qui interroge de nouveau sur les capacités des autorités et de l'Education nationale à traiter les cas de harcèlement. Les témoignages de l'inaction de certaines équipes enseignantes et éducatives pour traiter de tels faits sont légion. C'est le cas de Valentin, 24 ans, qui raconte aux "Grandes Gueules" avoir dû gérer lui-même du harcèlement qu'il subissait au lycée.

"Je me suis fait harceler en troisième et en seconde. J’avais des longs cheveux donc je me faisais beaucoup insulter, jusqu’au jour où on m’a brûlé les cheveux à l’intérieur de l’établissement", raconte-t-il ce jeudi sur RMC et RMC Story.

"J’avais eu une heure de colle pour avoir insulté quelqu’un qui m’insultait et lui avait été viré une journée. Je ne me suis jamais laissé faire mais ça n’a rien changé et j’ai fini par redoubler ma seconde", ajoute Valentin.

L'harceleur finit par changer d'établissement mais en classe de 1ère, Valentin se retrouve de nouveau dans sa classe: "On a eu une discussion et ça s'est arrangé parce qu’on avait grandi mais ce qui me choque, c'est que rien n'a changé en 10 ans. Les écoles sont au courant, l'Etat est au courant mais c'est toujours la même chose, c'est la personne harcelée qui est 'baisée'".

Harcèlement scolaire : a-t-on pris la mesure du fléau ? - 07/09
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Un plan contre le harcèlement scolaire présenté à la fin du mois

Fabien, qui vit dans les Bouches-du-Rhône, a lui aussi dû prendre les choses en main alors que sa fille était harcelée en 5e il y a deux ans: "Elle recevait de graves insultes et des menaces sexuelles via le groupe de classe sur les réseaux sociaux. Elle a fini par me faire écouter les messages reçus".

"Immédiatement, je suis allé dans le village voisin, j’ai fini par tomber sur la maison des parents de l’harceleur pour les confronter. J’ai fait écouter tous les messages que leur fils avait envoyé. J’ai eu de la chance de tomber sur une famille qui comprenait. La mère a été horrifiée et a puni son enfant", explique-t-il.

Dans la foulée, il contacte l'équipe enseignante et la CPE qui ignorent tout de la situation: "Ils ont réagi, ils ont pris la mesure des choses, il y a eu des réunions et ça s’est arrêté", salue Fabien.

Mais depuis, l’équipe éducative a changé. Et cette année, sa fille, désormais en 3e, se retrouve dans la classe des amis du harceleur: "Depuis mardi et la rentrée, elle pleure. J’ai appelé la nouvelle CPE, je lui ai expliqué la situation et elle l’a pris à la légère", déplore Fabien.

Un plan contre le harcèlement scolaire sera présenté d'ici la fin du mois. Le 17 août dernier, Gabriel Attal avait publié un décret pour pouvoir transférer dans un autre établissement un élève harceleur, évitant à la victime de devoir partir.

G.D.