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"Un budget à gérer": des présidents d'université demandent 1.000 euros mensuels pour chaque étudiant

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Pour lutter contre la précarité étudiante, les présidents de 14 universités réclament un revenu universel de 1.000 euros mensuels pour chaque étudiant.

Alors que le nombre de boursiers ne cesse d'augmenter, 14 présidents d'universités appellent à la création d'une "allocation d'études pour juguler la pauvreté", distribuées à l'ensemble des élèves de l'enseignement supérieur.

"Devant la précarité étudiante qui ne fait qu'augmenter, la multiplication et la complexité des aides fait que nous pensons que la solution est un revenu minimum étudiant, sous la base du contrat, d'un engagement d'études", défend Michel Deneken, président de l'université de Strasbourg et signataire de la tribune publiée dans les colonnes du Monde, dans "Charles Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story.

Concrètement, il pourrait s'agir d'une sorte de Smic pour tous les étudiants, peu importe les revenus de leurs parents. "Cela permettra d'éviter le stress, la précarité, les fragilités psychologiques. Tout le monde y gagnera, y compris les enseignants qui auront devant eux des étudiants plus sereins", avance Michel Deneken.

"Les aides ne déprécarisent pas les étudiants"

Selon les présidents d'université signataires de la tribune, les bourses ne suffisent pas. "Les aides ne 'déprécarisent' pas les étudiants: 40% d'entre eux sont obligés de travailler, ne sont pas en forme, font des études médiocres et passent des années à la fac. Le coût réel de la mesure doit être mis en parallèle avec tout ça", explique Michel Deneken.

Le président de l'université de Strasbourg évoque une allocation d'environ 1.000 euros par mois pour chaque étudiant: "Il faut environ 450 euros par mois pour manger, pareil pour se loger, on est vite au Smic", avance-t-il.

Et cette allocation concernerait tout le monde, de l'étudiant précaire au "bourgeois parisien": "C'est le principe de l'allocation familiale. Des précarités ou fragilités n'ont rien à voir avec le revenu des parents. Il y a des jeunes qui ne viennent pas de familles modestes mais sont loin de chez eux et doivent être aidés".

L'invité de Charles Matin : Précarité étudiante, une allocation pour tous ? - 20/09
L'invité de Charles Matin : Précarité étudiante, une allocation pour tous ? - 20/09
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L'assiduité comme seule condition

Une allocation universelle qui ne pourrait cependant pas s'additionner au repas à 1 euro du Crous, qui met les finances de l'organisme et ses personnels "à genoux". "Cette allocation pour tous, c'est aussi une dimension pédagogique, avec un budget à gérer. Les étudiants deviendraient des consommateurs et des acteurs de l'économie avec un budget à gérer", assure Michel Deneken.

Une allocation délivrée sous une seule condition, l'assiduité: "Responsabiliser, c'est contraindre avec un contrat moral. Cela va rendre obligatoire l'assiduité et donc réduire le temps d'études et donc des économies, à terme", défend le président de l'université de Strasbourg, qui assure n'avoir pas eu de réponse du gouvernement pour l'instant.

Dans les pays nordiques, les étudiants sont largement aidés par les autorités avec l'accession à des prêts publics à des taux avantageux. Et au Danemark, les étudiants qui ne vivent plus chez leurs parents bénéficient d'une aide de 860 euros bruts par mois.

G.D.