"Un calvaire": des profs dénoncent sur TikTok la vétusté de leur lycée et sont convoqués par la proviseure

Un rassemblement doit avoir lieu ce vendredi devant le lycée Blaise-Cendrars de Sevran (Seine-Saint-Denis) en soutien à 4 professeurs convoqués par leur hiérarchie. Leur tort? Avoir participé à une vidéo dénonçant la vétusté de ce lycée de Seine-Saint-Denis. Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux vue plus de 2,6 millions de fois sur TikTok.
Dans cette vidéo, des élèves et les quatre profs convoqués dénoncent la vétusté et l'insalubrité de leur établissement: plafonds troués, escaliers moisis, chaises cassées, pas de lumière dans les toilettes, certains élèves n'ont même pas de table en salle de cours. Les enseignants eux, dénoncent leurs conditions du travail, une prof de français assurant n'avoir pas été remplacée pendant toute la durée de son congé maternité.
Une réponse aux élèves du lycée Louis Le Grand
"Ce sont les élèves qui ont eu l'idée après avoir vu une vidéo du même acabit par des élèves du lycée Louis Le Grand qui au contraire vantait les mérites de leur établissement", raconte ce vendredi sur RMC et RMC Story Clément Bernard, professeur de mathématiques au lycée Blaise Cendrars de Sevran et membre du syndicat Snes-FSU. "Ils ont demandé à des professeurs de participer et ils ont accepté".
"Ces profs ont fait un constat assez simple, ils n'ont porté aucun jugement", défend l'enseignant. "Plutôt que la hiérarchie les félicite d'avoir dénoncé des choses qui ne sont pas normales, ils sont convoqués", déplore Clément Bernard.
"Ils sont punis pour avoir dénoncé quelque chose"
Les quatre enseignants sont tous convoqués dans le bureau de la proviseure du lycée ce vendredi pour des entretiens individuels de 20 minutes, une convocation qui "s'inscrit dans un cadre réglementaire", assure à l'AFP l'Académie de Créteil. Car les profs sont tenus à un devoir de réserve, seuls les membres d'un syndicat ayant le droit de s'exprimer.
"Ils sont punis d'avoir dénoncé quelque chose", tacle Clément Bernard qui assure de son côté que les 4 enseignants convoqués sont pourtant bien tous syndiqués. "Quand il pleut, il pleut dans le hall d'entrée. C'est tellement mal isolé qu'il fait tellement froid que les élèves gardent leurs vestes en cours. L'été, il fait plus de 30 degrés, ils demandent qu'on ouvre les fenêtres mais elles sont condamnées. C'est un calvaire", détaille l'enseignant.
De nombreux profs non remplacés
Au-delà de la vétusté de l'établissement, le prof de mathématiques égrène sur les absences de professeurs non remplacés. Des absences qui touchent également l'équipe pédagogique, d'une CPE absente deux mois sans être remplacée, tout comme la proviseure, absente plusieurs mois pour raisons médicales, sans encore une fois être remplacée.
"Ce n'est pas normal que les élèves n'aient pas cours. On a chiffré les vraies demandes, elles s'élèvent à environ 360 millions d'euros pour que les élèves aient tout le temps cours et qu'ils puissent être bien accompagnés. 360 millions, ce n'est rien dans le budget de l'éducation nationale par rapport aux 2 milliards pour les uniformes et 2 milliards pour le SNU", conclut-il.