"Ils se lâchent": la percée du RN aux élections libère la parole raciste

La parole raciste semble s'être libérée depuis la percée du Rassemblement national, aux derniers scrutins. Des personnalités, mais aussi des anonymes, ont partagé ces derniers jours des messages racistes qu'ils ont reçus.
Parmi les derniers exemples en date, une commerçante de Perpignan visée mercredi par un courrier raciste lui demandant de "vendre sa maison rapidement et préparer son départ pour l'Afrique". Les auteurs de la lettre assurent qu'ils vont "dès le mois de septembre effectuer un nettoyage impitoyable et virulent du quartier afin d’en restaurer l’atmosphère catalane d’antan".
Des actes de violences ont aussi été rapportés. Lundi, deux hommes de 25 ans ont été condamnés à trois ans de prison ferme et écroués pour violences à caractère raciste. Ils avaient roué de coups, la semaine dernière, un habitant de Cessy (Ain) en lui lançant des insultes racistes (10 jours d'ITT).
À Avignon, c'est une boulangerie qui a été incendiée la semaine dernière. Sur les murs ont été tagués des mots "nègre", "PD", "dégage”, visant un apprenti de 17 ans, d’origine ivoirienne. À Nice, dans le quartier populaire "Bon voyage", des Français d’origine nord-africaine se disent de plus en plus victimes de racisme depuis quelques semaines. Ils redoutent de voir le RN arriver au pouvoir.
Les insultes racistes, c'est le quotidien de Sandesse, 42 ans, Franco-Tunisienne et voilée. “‘La femme de Ben Laden’, ‘retourne dans ton pays’, ‘bientôt, on sera libre sans vous’...”, énumère-t-elle.
"C'est mon pays et je l'aime"
Et ça s’est aggravé depuis les élections européennes et la montée du Rassemblement national.
“Ils se lâchent. Ils sentent qu’il y a quelqu’un derrière qui les protège, entre guillements, on va dire ça comme ça. Je pense qu’avec le temps, ils comprendront que ce n’est pas nous qui provoquons tout leur mal-être”, pointe-t-elle.
Sur le marché, Sirine et sa maman Karima ont, elles aussi, été insultées. C’était dans le tramway la semaine dernière. On les a accusées de profiter des allocations familiales. Les deux femmes ont tout simplement ignoré. “Je ne dois pas calquer l’image de la France sur ce type de personne-là. C’est mon pays et je l’aime”, assure Sirine.
Fatima, elle aussi, aime la France. Elle y vit depuis dix ans. Sauf que si le Rassemblement national accède au gouvernement, elle retournera au Mali.
“Je suis là pour vivre avec les Français, mais je ne suis pas là pour être stigmatisée comme une malpropre”, pointe-t-elle.
Partir avant que les choses n’empirent... “La haine engendre la haine”, ajoute Fatima. Partir avant que le racisme ne s'enracine trop profondément dans la société française.