Les conducteurs seniors ne veulent pas de test médical: "Marre de cette gérontocratie", tacle Pierre Rondeau

51% des seniors refusent catégoriquement de se plier à un contrôle médical pour continuer de rouler, selon une étude Ipsos révélée par RMC ce jeudi. "J'en ai marre de cette gérontocratie français", a pesté dans Estelle Midi Pierre Rondeau, qui affirme qu'une décision de ce genre ne sera jamais appliquée, en raison du poids électoral des personnes âgées.

RMC vous l'a dévoilée en exclusivité ce jeudi: 51% des seniors refusent catégoriquement de se plier à un contrôle médical pour continuer de rouler, selon une étude Ipsos pour la Fondation Vinci Autoroutes. "91% d'entre eux disent que la conduite leur est indispensable", a détaillé au micro d'Apolline Matin Bernardette Moreau, déléguée générale de la Fondation Vinci Autoroutes.

"Si on m'interdit de conduire, je fais comment?"

"Je ne le ferai pas, si on me trouve quelque chose et qu'on m'interdit de conduire, je fais comment, moi?", s'est interrogé un retraité de 65 ans dans Estelle Midi. "Je suis à 12km des commerces, je suis tout seul! Il faut penser aux gens qui sont en campagne". Lorsqu'on l'interroge sur la possibilité de mettre en danger la vie des autres, le sexagénaire élude: "Qu'est-ce que vous voulez? On n'a pas tellement le choix, en campagne. Il n'y a pas de car ni de trains."

Si 93% des seniors (65 ans et plus) continuent de prendre le volant régulièrement, beaucoup adaptent cependant leur conduite en roulant moins vite et en faisant plus de pauses (81%), ou encore en conduisant moins de nuit (78%), révèle l'étude Ipsos.

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20:42

"On vit dans une gérontocratie! Je le dis, j'en ai marre de cette gérontocratie française. Il n'y a que les vieux de plus de 65 ans qui votent, qui gouvernent, maîtrisent et imposent", a pesté Pierre Rondeau. "Ils se plaignent des retraites, de l'environnement mais ils seront morts dans 20 ans, pourquoi ils votent?", poursuit-il, estimant qu'il s'agissait du même combat pour la voiture.

La visite médicale obligatoire pour les seniors, "on dit qu'on ne le fera pas parce que les vieux votent. La majorité des personnes qui votent Macron ont plus de 65 ans. On prend des décisions à partir ces personnes", fustige Pierre Rondeau

L'idée d'imposer un test médical obligatoire aux conducteurs seniors est un peu une arlésienne, qui revient fréquemment dans le débat public. En février 2024, le Parlement européen avait examiné la proposition de loi défendue par l'eurodéputé écologiste Karima Delli voulant imposer, d'ici 2027, une visite médicale obligatoire tous les quinze ans dès l’obtention du permis de conduire. Strasbourg l'avait rejetée.

Une propositon de loi soutenue par la para-athlète Pauline Déroulède

En février dernier, c'est la para-athlète Pauline Déroulède, qui défendait l'idée sur RMC. La joueuse de tennis handisport avait été fauchée par un conducteur âgé en 2018, provosquant l'amputation de sa jambe gauche. "On a écrit une proposition de loi, qui j'espère sera inscrite à l'Assemblée nationale et débattue courant avril, lors d'une semaine transpartisane", précisait-elle dans Anaïs Matin.

La joueuse de tennis avait expliqué vouloir mettre en lumière le fait qu'il "n'y ait pas de loi pour les personnes inaptes" au volant. "Il y en a pour ceux qui boivent, qui se droguent et qui sont en infraction et qui sont irresponsables." Le conducteur qui l'a fauchée était "exemplaire, victime de lui-même, ce sont ses mots, je l'ai rencontré. Si il y avait eu une loi, il l'aurait respectée", avait-elle soutenue.

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Le test médical baisse-t-il les chiffres de l'accidentologie ?

Une hypothétique législation totalement rejetée par Mobilité club France, dont son porte-parole, Yves Carra, était l'invité d'Estelle Midi sur RMC. "La position est celle du Conseil national de sécurité routière, qui dit que dans les pays où une visite médicale est imposée (Espagne et Grèce par exemple, NDRL), elle n'a pas apporté d'amélioration dans l'accidentalité des seniors", a-t-il affirmé.

"L'aptitude de la conduite ne dépend pas seulement de l'âge mais de la capacité physique, on peut être épileptique à 40 ans", rappelle-t-il, un argument qui pour lui permet de rejeter l'idée d'un test obligatoire passé 65 ans ou plus. "Pourquoi pas à 20 ou 40 ans?" "Ce qu'on préconise, c'est que le corps médical rencontre régulièrement lees personnes âgées et qu'il soit plus formé et sensibilisé aux risques de la conduite et qu'il en parle avec la personne et son entourage", a développé Yves Carra.

Les seniors sont tout de même favorables à des solutions pour entretenir leurs capacités de conduite. Ils sont ainsi 67% à être ouverts à des solutions pour préserver les connaissances du code de la route et l'agilité motrice et cognitive au volant, selon l'étude Ipsos. La Fondation Vinci Autoroutes a d'ailleurs "créé un programme d'orientation dans l'espace avec des exercices simples et évolutifs", disponible gratuitement en ligne.

"On est là avant tout pour faire de la prévention, sensibilisation", a assuré Bernardette Moreau, qui rappelle aussi qu'ils "proposent des sessions d'entretien de connaissances du code de la route et des ateliers de conduite". Seuls 33% des séniors sont pour un contrôle médical pouvant déboucher sur une interdiction de conduire (contre 16% pour la population générale).

LM