Manifestations pour "l'État de droit": "C'est dommage que les gens ne se déplacent pas"

Une trentaine d'organisations ont appelé à des rassemblements hier pour défendre "l'État de droit" dans toutes les villes de France. Après les attaques contre la justice ayant suivi la condamnation de plusieurs responsables du RN fin mars, au moins une quarantaine de manifestations étaient organisées à l'appel de plusieurs syndicats et associations.
Parmi les organisateurs de ces rassemblements se trouvent notamment SOS Racisme, France Terre d'asile, la Ligue des droits de l'Homme, La Cimade, SOS Homophobie, Oxfam, Greenpeace ou encore la CGT et Solidaires.
Défendre la démocratie
L'appel vise à réagir aux propos du RN contre la "tyrannie des juges" après la condamnation de Marine Le Pen pour détournement de fonds publics, le 31 mars en première instance. La présidente des députés RN a écopé d'une peine de 4 ans de prison dont deux ans ferme aménagés sous bracelet ainsi que d'une inéligibilité de cinq ans, qui l'empêche à ce stade de concourir à la présidentielle 2027.
Mais les appels à manifester ont eu du mal à décoller. À Marseille, le rassemblement a finalement été annulé. À Metz, seules quelques dizaines de personnes se sont déplacées dans la matinée. À Nantes, environ 200 personnes étaient réunies. Et à Paris aussi, la mobilisation a peiné à rassembler.
A bout de bras, Blanche brandit ses pancartes: "Avec des petits jeux de mot. On a 'Le Pen purge ta peine' et 'ta démocratie, tu l'aimes ou tu l'a quitte'". Là pour défendre la démocratie, ce groupe de lycéens veut occuper le terrain: "c'est ça les manifs, trouver des slogans et s'amuser".
"Ça donne de la force de se réunir, de chanter et de danser tous ensemble".
"On est tellement peu nombreux"
Une ambiance certes festive mais une place de la République clairsemée: "à Paris, on est 2/3 millions et de voir que même la place de la République n'est pas remplie, ça me désole vraiment". Un autre manifestant répond: "c'est dommage que les gens ne se déplacent pas, j'étais un peu désarçonné quand on est arrivés".
"Je ne sais pas où ils sont tous, on est tellement peu nombreux. La pluie ça n'explique pas tout, on a du mal à mobiliser et pourtant il y a urgence. Je n'ai pas l'impression de vivre sur la même planète que tout le monde parfois", soupire une manifestante.
Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, était lui aussi sur place, au rassemblement à Paris. Le Parti socialiste avait appelé "à une mobilisation large et citoyenne pour soutenir l'État de droit", dans un communiqué.
Lors du rassemblement, le représentant du parti a rappelé qu'il n'y a "pas de démocratie sans pouvoir et contre-pouvoir" et déplore le manque de mobilisation: "Je crains malheureusement qu'aujourd'hui il y ait une forme de passivité et que les gens ne se rendent pas toujours compte de ce qui est en train de se jouer".
Délais trop courts
Il nuance et avertit tout de même: "c'est comme toujours, il y a d'abord des vagues militantes qui sont là pour entraîner et puis après pour communiquer sur ce que nous croyons. Donc il est normal que nous soyons là aujourd'hui pour dire que nous défendrons jusqu'au bout la République et l'État de droit".
Jean-François Julliard, président de Greenpeace France, une des associations à l'origine de l'appel à la mobilisation, préfère quant à lui retenir le positif: "J'ai surtout entendu beaucoup de voix différentes s'exprimer".
"Ça montre qu'il y a quand même une société civile qui est forte, unie et qui souhaite se faire entendre", conclut-il.
Les organisateurs expliquent en tout cas ce manque de mobilisation par des délais trop courts pour créer l'événement.