RMC
Société

Manifestations pro-Palestine interdites: "On peut défendre la cause palestinienne tout en respectant Israël"

placeholder video
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé l'interdiction des manifestations pro-Palestine. A Paris, ce jeudi soir, les participants assurent manifester pour la paix, même si des slogans hostiles à Israël ont été entendus.

Malgré l'interdiction, près de 3.000 personnes ont manifesté en soutien aux Palestiniens ce jeudi 13 octobre au soir à Paris, six jours après l'offensive terroriste du Hamas. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait ordonné un peu plus tôt dans la journée l'interdiction systématique des "manifestations pro-palestiniennes, parce qu'elles sont susceptibles de générer des troubles à l'ordre public". "Les organisateurs" et "les fauteurs de troubles" seront interpellés, avait averti le ministre. Saisi en urgence par des associations, le tribunal administratif de Paris a décidé peu avant la manifestation de maintenir l'interdiction du préfet de police.

Les manifestants, rassemblés sur la place de la République, ont été dispersés par les forces de l'ordre en fin d'après-midi, le canon à eau a même été utilisé. Selma, encore sous le choc de la charge des CRS, tenait à manifester, même si le rassemblement était interdit.

"On veut défendre un peuple qui est opprimé", défend-elle.

"On est juste témoins d'un massacre qui est en train de se passer à Gaza. Les frontières sont fermées, des enfants sont en train de mourir. Et on n'a pas le droit d'exprimer notre soutien? Je ne suis ni pro-Hamas, ni anti-juive. On est là pour la paix et la liberté car les deux vont ensemble", poursuit-elle.

Pas question non plus de soutenir le Hamas pour Amhid, qui est venu à ce rassemblement pour envoyer un message de paix.

"Nous, on est pour la paix des deux côtés, on ne peut pas être plus clairs, on veut que ça cesse".
L'invité de Charles Matin : Les manifestations pro-Palestine interdites - 13/10
L'invité de Charles Matin : Les manifestations pro-Palestine interdites - 13/10
6:34

"L'interdiction, c'est inédit et contraire à nos valeurs démocratiques"

Pourtant les manifestants ont entonné plusieurs slogans hostiles à l'égard d'Israël comme "Israël, assassins". "Ils ont droit à une manifestation pro-Israël, mais pas pro-Palestine", crie une participante. Une violence attisée par l'interdiction de manifester pour Leïla.

"Honnêtement c'est dégueulasse, les policiers attendent juste de nous verbaliser. Donc oui, j'ai envie d'exprimer ma colère et ma tristesse profonde à l'égard du peuple palestinien qui souffre depuis des années", lance-t-elle. Et malgré l'interdiction, elle a tenu à apporter un drapeau palestinien, qu'elle a brandi fièrement après avoir passé la police.

"On peut défendre la cause palestinienne tout en étant respectueux d'Israël"

"C'est inédit et contraire à nos valeurs démocratiques. C'est très grave et problématique d'empêcher les Français de manifester leur soutien à la cause palestinienne", estime sur RMC, Mathieu Slama, enseignant et essayiste.

Pour lui, il faut distinguer la défense de la cause palestinienne et les pro-Hamas anti-Israël et antisémites. "On peut défendre la cause palestinienne tout en étant respectueux d'Israël, sans entrer dans le discours de haine", plaide-t-il.

Au final, 10 personnes ont été interpellées et 24 verbalisées à Paris, alors que d'autres rassemblements -également interdits- ont eu lieu à Rennes, Lille ou encore Toulouse dans la soirée. Un rassemblement pour la paix a quant à lui été autorisé à Bordeaux et a rassemblé une centaine de personnes.

Avec Pierre Bourgès et Romain Poisot (édité par J.A.)