Marseille: le pape dénonce l'"indifférence" et la "peur" face aux migrants

Le pape François, le 22 septembre 2023 à Marseille - ANDREAS SOLARO / AFP
Le pape François a une nouvelle fois dénoncé vendredi le sort des migrants en Méditerranée, fustigeant "l'indifférence" et la "peur", au premier jour d'une visite à Marseille, dans un contexte d'hostilité croissante envers les candidats à l'exil dans une Europe tentée par le repli.
Accueilli à l'aéroport par la Première ministre Elisabeth Borne, le chef de l'Eglise catholique est rapidement parti dans son habituelle Fiat 500 blanche pour la basilique Notre-Dame de la Garde, la "Bonne mère", symbole de la deuxième ville de France, juchée sur une colline dominant la baie de Marseille.
Sous un ciel clair balayé par le mistral, il a tout d'abord participé à une prière avec le clergé dans cette basilique néo-byzantine aux murs recouverts d'ex-votos, accueilli par le cardinal archevêque de Marseille Jean-Marc Aveline, à l'origine de son invitation dans cette ville à la population façonnée par des siècles de migrations.
Il s'est ensuite recueilli avec des représentants d'autres cultes, chrétiens, musulmans et juifs notamment, devant le mémorial aux marins et migrants disparus en mer, sur une esplanade de la basilique, martelant une nouvelle fois son message de secours et d'accueil.
"Nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l'indifférence. Les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu'elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues. C'est un devoir d'humanité, c'est un devoir de civilisation", a notamment lancé le pape.
Le Pape demande des "actes"
"Croyants, nous devons (...) être exemplaires dans l'accueil mutuel et fraternel", a plaidé François, dénonçant une nouvelle fois l'"immense cimetière" qu'est devenue la Méditerranée, où "est ensevelie la dignité humaine".
"Devant un tel drame, les mots ne servent à rien, mais des actes", a insisté le pape, fustigeant "la paralysie de la peur" et remerciant les ONG qui portent secours aux migrants en mer, tout en dénonçant ceux qui les empêchent de travailler "parce qu'il manque quelque chose à bord, ceci ou cela... ce sont des gestes de haine sous couvert de neutralité".
"On espérait des paroles fortes, mais ça va au-delà de ce qu'on pouvait espérer", s'est félicité François Thomas, président de SOS Méditerranée.
Le voyage du pape à Marseille intervient alors qu'une nouvelle vague d'arrivées sur l'île italienne de Lampedusa a poussé l'Union européenne à adopter un plan d'urgence pour aider Rome à gérer les flux migratoires en provenance d'Afrique du Nord.
Près de 30.000 disparus depuis 2014
Mais la France "n'accueillera pas de migrants" venus de Lampedusa, a assuré mardi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
La Méditerranée est la route migratoire la plus dangereuse au monde, avec plus de 28.000 disparus en mer depuis 2014, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Parmi les fidèles venus voir le pape à la "Bonne Mère", Véronique Dembele, 47 ans, arrivée en France du Mali il y a cinq ans, avec son fils, a dit à l'AFP sa "joie immense". "C'est incroyable mais vrai", a témoigné cette femme qui dispose désormais d'un titre de séjour. Et elle ne trouve pas "que cette visite soit politique": le pape "vient pour soutenir les migrants mais aussi pour remercier l'Etat de ce qu'il fait pour les migrants. Et il dit a l'Etat d'en faire encore plus".