Pas-de-Calais: après les inondations, de nouveaux chantiers en zone inondable font polémique

L'État va racheter des maisons dans des zones récemment inondées dans le Pas-de-Calais. Mais dans ces mêmes zones violemment touchées par plusieurs séries d'inondations en novembre et janvier dernier, on continue pourtant de construire de nouvelles habitations. Au grand dam des habitants.
C'est le cas à Wizernes, juste à côté de Blendecques où 35 logements doivent être construits à un peu moins de 7 mètres seulement de l’Aa, le cours d’eau qui a débordé à plusieurs reprises ces dernières semaines.
Des vidéos d’un riverain, que RMC a pu consulter, montrent que l’eau a recouvert la friche où les futurs logements doivent sortir de terre. Avec des habitants, il a lancé une pétition pour demander le gel de tous les permis de construire en cours sur des zones qui ont été inondées.
Des permis de construire pourtant respectueux des règles en vigueur
Le maire de cette commune se défend: les deux permis de construire, obtenus le 7 novembre dernier, au moment même où les inondations touchaient le Pas-de-Calais respectent bien les règles en vigueur et le "PPRI", le "Plan de prévention du risque d’inondation".
Ce document, c’est un peu la boussole pour les élus locaux car il détermine les zones constructibles ou non en fonction des risques d'être inondé. Il est co-construit avec les communes mais c’est l’Etat qui a le dernier mot.
172 logements dans une zone potentiellement inondable?
Mais ce n’est pas le seul exemple. À Ardres aussi, 172 logements doivent voir le jour sur une prairie, point culminant de la ville, donc sans risque majeur, d’après le maire. Mais les études sont formelles: la pluie s’infiltre mal dans le sol à cet endroit et les calculs ont été réalisés sur la base d’une crue centennale, sous-dimensionné donc, compte tenu du changement climatique.
De son côté, le ministère de la Transition écologique explique qu’il est difficile de geler ces permis de construire en attendant les nouvelles règles. Pour les changer, l'Etat travaille sur un "plan de résilience", mais il ne sera pas publié avant fin mars.