"Il faut des mesures de justice": la transition écologique dans les transports est-elle possible?

En pleine période de fortes chaleurs, Emmanuel Macron doit inaugurer ce lundi le salon aéronautique du Bourget. Quelques jours plus tôt, le président de la République a dévoilé son plan pour l'avion "vert", zéro émission et la décarbonisation du secteur.
Des annonces insuffisantes et à rebours de la situation des transports, estime François Gemenne, auteur principal du Giec, dans "Apolline Matin", ce lundi sur RMC et RMC Story. Il appelle à réduire les trajets, alors que les constructeurs Airbus et Boeing estiment que la flotte mondiale d'avions va doubler d'ici 2042. "Il va falloir réduire le nombre de vols courts et moyens-courriers", assure-t-il, sans pour autant vouloir limiter les déplacements par personne comme le préconise l'ingénieur Jean-Marc Jancovici.
"J'imagine qu'on arrivera à faire des avions propres dans 20 ou 30 ans mais ce sera trop tard. Il va falloir renouveler les flottes et ça ne se fait pas en un claquement de doigt", rappelle François Gemenne.
La tarification SNCF oblige à prendre la voiture en lieu et place du train
La décarbonisation de l'aviation, c'est aussi le type de carburant, le design des aéroports et des trajectoires pour les rendre plus écologiques. Mais il y a aussi la question du prix, alors que celui des billets de train est parfois supérieur à celui des trajets en avion.
"Ce n'est pas normal", déplore François Gemenne qui appelle les autorités à imiter l'Allemagne et l'Espagne où une politique de baisse des prix rend accessible les billets de train à tous. "Aujourd'hui, les trains sont complètement inaccessibles, il y a un vrai enjeu sur la tarification SNCF, les gens sont obligés de prendre leur voiture à la place du train", constate-t-il.
48.000 morts par an en raison de la pollution atmosphérique
Des contraintes qui empêchent pour l'instant une transition écologique efficace, alors que les épisodes de chaleur se multiplient. Pour une transition écologique, il faut aider les Français, appelle François Gemmenne, citant le cas des zones à faibles émissions (ZFE) en centre-ville qui bannissent les véhicules les plus polluants: "L'erreur tragique serait de faire culpabiliser les gens et de donner l'impression aux automobilistes qu'ils sont responsables des morts dues à la politique atmosphérique".
"Il faut un grand plan qui doit montrer comment collectivement on va réduire la pollution atmosphérique. Il faut des mesures de justice et d'accompagnement", demande François Gemenne, alors que la pollution atmosphérique tue chaque année 48.000 personnes.