"C’est choquant": condamné pour agressions sexuelles, un étudiant en médecine poursuit son cursus

Un homme condamné pour agressions sexuelles peut-il devenir médecin? Non, pour certains de ses collègues de la promo des étudiants en 6e année de médecine au CHU de Limoges (Haute-Vienne). Âgé de 26 ans, il a été réintégré et continue ses études et ses stages en médecine après avoir été condamné en première instance le 19 mars dernier à cinq ans avec sursis pour agressions sexuelles sur deux anciennes camarades, par le tribunal de Tours.
Le parquet a fait appel, estimant que la décision est trop faible. Il y avait au départ cinq plaintes pour agressions sexuelles et viols pour des faits datant de 2017, 2018 et 2020. L’étudiant en médecine a reconnu à la barre l’un des faits. Il a déjà été condamné en décembre 2023 à quatre mois avec sursis pour des faits datant de 2013.
Sur le campus limougeaud, les étudiants ne comprennent pas cette situation. Lancée le 25 avril par un collectif, une pétition, titrée "Les prédateurs sexuels ne doivent pas devenir médecins", recueille plus de 25.000 signatures. Clara et Romane, étudiantes en première année, n’ont pas hésité à la signer.
"C’est choquant, confie la première. Tu as beau faire quelque chose d’inacceptable, inadmissible, on t’offre quand même la possibilité de poursuivre tes études." "Je trouve ça apeurant, ajoute la seconde. Il va faire des stages où il va avoir le droit de toucher des gens, qui ne sauront pas forcément qui il est et quel est son passé."
L’université prête à lancer une procédure disciplinaire
Et c’est tout le problème que pointe Emma, membre du collectif à l’initiative de cette pétition, qui témoigne anonymement par crainte des représailles. "On parle de quelqu’un qui a profité de l’état de faiblesse de jeunes filles pour les agresser sexuellement, explique-t-elle. Et on propose de le laisser face à des gens qui dans une forme de vulnérabilité, seuls dans une pièce. On s’est dit qu’il y avait des trucs qui déconnaient. J’estime que les gens qui le laissent actuellement continuer ses études et accéder à la profession seront coupables s’il y a de prochaines victimes."
De son côté, l’université, qui attend le document attestant du jugement du 19 mars, indique se tenir prête à lancer une procédure disciplinaire contre l’étudiant, afin de savoir si cette condamnation peut porter atteinte au bon fonctionnement de l’établissement.