Comment sont dépensés les 25 millions d'euros alloués à la sécurité des hôpitaux?

Trois jours après le meurtre de Carène, une infirmière de 37 ans poignardée au CHU de Reims, François Braun a convoqué une réunion de travail au ministère de la Santé, ce jeudi à 11h30, afin de tabler sur le sujet de la sécurité dans les hôpitaux français. Lundi dernier, un homme souffrant de sévères troubles psychiatriques est suspecté d'avoir pénétré dans l'établissement armé d'un couteau, puis d'avoir réussi à accéder aux vestiaires du CHU dans lesquels il aurait notamment poignardé à mort Carène.
La réunion, en présence notamment des organisations syndicales, aura pour but de travailler sur des axes d'amélioration de la sécurité dans les établissements hospitaliers du pays.
Mercredi, sur RMC et BFM TV, le ministre de la Santé a rappelé qu'une enveloppe de 25 millions d'euros était déjà dédiée à la sécurisation des établissements de santé, et qu'elle serait augmentée si besoin. Pourtant, au fil des témoignages, des failles semblent toujours perdurer dans la sécurité des hôpitaux.
La question se pose donc de savoir comment cette enveloppe de 25 millions d'euros est utilisée sur le terrain. La somme est répartie par le ministère entre les différentes Agences régionales de santé (ARS), en fonction de leurs besoins, les ARS distribuant ensuite différentes allocations aux hôpitaux.
Vidéoprotection et bracelet anti-agression
Dans les faits, les 25 millions d'euros de l'État, un montant annuel qui ne bouge pas depuis 2016, sont utilisés pour l'achat de caméras de surveillance et le recrutement de personnel de sécurité. À Versailles par exemple, le centre hospitalier dirigé par Pascal Bellon a touché "250.000 euros" en deux ans, "obtenus après un appel à projets de l'Agence régionale de santé".
Pascal Bellon explique que cette somme a permis de réaliser de gros investissements dans l'établissement. "Nous avons continué de déployer la vidéoprotection, et nous avons sécurisé les accès à nos établissements avec des cartes professionnelles, électroniques", décrit-il.
De plus, le directeur de l'hôpital précise avoir déployé des bracelets "anti-agression" et "qui existent dans beaucoup d'hôpitaux".
Un montant insuffisant?
Pourtant, ces dépenses n'empêchent pas les agressions de se multiplier. Pour Patrick Bourdillon, secrétaire CGT à l'hôpital d'Avignon, la faute incombe à une enveloppe insuffisante.
"Il y a plus de 2.200 hôpitaux sur le territoire français. Si vous divisez 25 millions d'euros par 2.200, ça ne laisse pas forcément les moyens pour pouvoir réellement embaucher du personnel nécessaire pour sécuriser les établissements", analyse Patrick Bourdillon, secrétaire CGT au centre hospitalier d'Avignon.
Selon lui, "on ne peut pas se dire que, parce qu'on va saupoudrer quelque part un peu d'argent à droite à gauche, que l'on va solutionner les choses". Sauf que pour Pascal Bellon, plus d'argent ne suffira pas. Pour lui, les hôpitaux doivent porter plainte à chaque agression. C'est sa politique au centre hospitalier de Versailles.