Infirmière tuée à Reims: une affaire qui rappelle beaucoup le double meurtre de Pau en 2004

L’homme de 59 ans qui a tué une infirmière à Reims avait déjà poignardé quatre personnes en 2017. Il n’avait pas été poursuivi. Cette affaire pose de nouveau la question de l’irresponsabilité pénale, qui revient régulièrement à la une de l’actualité. C’est un grand principe de la justice, on ne juge pas les fous. Et donc, le suspect du CHU de Reims a toute les chances d’échapper à une sanction pénale, même s’il est actuellement en garde à vue pour assassinat.
On a appris que cet homme, il y a six ans, avait déjà poignardé quatre personnes qui travaillaient dans un établissement d’aide par le travail. Une infirmière et une aide-soignante avaient été blessées, ainsi qu’un animateur et un chef de service. L’agresseur vivait dans ce centre depuis des années. Il était soigné pour des troubles psychiatriques. Après cinq ans d’instruction, un juge a finalement estimé qu’il devait être déclaré irresponsable, son discernement étant aboli au moment des faits. Une décision qui devait encore être confirmée par la cour d'appel, qui devait justement examiner le dossier vendredi. Elle aurait pu décider de mesures de sûreté, d’enfermement ou d’obligation de soins. Mais en attendant, cet homme ne faisait l’objet d’aucune mesure de contrainte judiciaire. Autrement dit, il était suivi médicalement, mais il était en liberté.
Toujours enfermé à Cadillac
C’est une affaire qui rappelle beaucoup le double meurtre de Pau, qui avait bouleversé la France en 2004 et déjà posé toutes les questions que l'on se pose aujourd’hui. Romain Dupuy, un jeune schizophrène de 21 ans, était entré dans l'hôpital de Pau de nuit, et il avait tué une infirmière et une aide-soignante. L’une des deux victimes avait été décapitée et sa tête placée sur la télé. L’agresseur avait déjà été hospitalisé trois fois dans ce service. Ce jour-là, il avait fumé quinze joints de cannabis. Il a finalement été arrêté un mois plus tard. Après enquête, il a été déclaré pénalement irresponsable. Les familles des victimes ont fait appel mais la décision a été confirmée, et Romain Dupuy a été enfermé à Cadillac, en Gironde. C’est un des hôpitaux psychiatriques les plus sécurisés de France, où sont accueillis et détenus les malades les plus dangereux.
Il est toujours enfermé à Cadillac, depuis 18 ans et demi, même si les psychiatres considèrent qu’il n’est plus dangereux depuis environ cinq ans. Son avocate se bat actuellement pour obtenir son placement dans un hôpital qui ressemble moins à une prison, mais jusqu'à présent la justice ne lui a pas donné raison. En fait, il y a une bataille judiciaire pour savoir quel est le juge compétent pour autoriser son transfert… Mais ce que l’on retient, c’est qu’un tueur déclaré irresponsable ne se retrouve pas pour autant dans la nature. Il peut rester enfermer 20 ans, c'est le cas de Romain Dupuy. Ce sera peut-être le cas de l’homme qui vient de tuer une infirmière à Reims…
Sur RMC-BFMTV ce mardi, Éric Ciotti, le président des Républicains, a demandé un grand plan en faveur de la psychiatrie, secteur délaissé… Ce sont exactement les mêmes mots que ceux de Philippe Douste-Blazy il y a 20 ans après le drame de Pau. Le ministre de la Santé de l’époque avait lancé un “plan santé mental” en 2005 pour réagir à ce double meurtre. Puis il y en a eu un autre en 2011, et un autre en 2018, et un dernier en 2020… A chaque fois, ces plans ont été évalués. Et à chaque fois, on a salué les efforts louables qui sont faits mais les résultats insuffisants. Et on continue à parler de la psychiatrie comme du parent pauvre de la médecine.