Covid: l'hydroxychloroquine reponsable de 17.000 morts lors de la première vague, dont 200 en France

C'était "le remède miracle" vanté par le professeur Raoult en pleine crise du Covid-19: l’hydroxychloroquine. Mais ce traitement se révèle finalement responsable de plus de 17.000 morts lors de la première vague de la pandémie, dont 200 en France parmi les patients atteints du Covid qui se sont vus administrer ce médicament utilisé initialement contre le paludisme.
Ce sont les résultats d'une étude menée par six chercheurs dont notamment du CHU de Lyon et publiée mardi dernier dans la revue scientifique Biomedecine et Pharmacotherapy qui révèlent ces chiffres.
Ces scientifiques ont étudié les données disponibles dans 6 pays (Etats-Unis, France, Belgique, Italie, Espagne et Turquie) sur les patients traités à l'hydroxychloroquine entre mars et juillet 2020 et ils ont appliqué le taux de surmortalité de 11%, déjà démontré dans d'autres études.
"On est sûr qu’il y a une toxicité cardiaque", explique à RMC un des codirigeant de l'étude
Les résultats démontrent que ce traitement administré notamment par le Professeur Raoult à Marseille n'était pas adapté. L'hydroxychloroquine a provoqué de graves effets secondaires fragilisant l'état de santé de certains patients atteints du Covid. Le Professeur Jean-Christophe Lega qui a codirigé cette étude, les détaille.
“On est sûr qu’il y a une toxicité cardiaque et puis il y a d’autres effets indésirables de cette molécule qui ont été rapportés, pulmonaires, rénaux, hépatiques, des hypoglycémies… Et on ne peut pas à posteriori quantifier le poids de ces autres effets indésirables non-cardiaque”, pointe-t-il.
Une estimation largement en deçà de la réalité?
Cette étude, basée sur les données de 6 pays, n’est qu'une estimation et elle n'étonne finalement pas le Professeur Mathieu Molimard chef du service de pharmacologie du CHU de Bordeaux.
“L’hydroxyclhoroquine n’est pas très dangereuse en temps que telle, juste un petit risque cardiaque. Mais sur une maladie qui a des risques cardiaques comme le covid, vous avez entendu parler des myocardites, et bien ça fait des morts. Cette étude elle ne fait que mettre en évidence quelque chose que l’on savait", explique-t-il.
Il explique dans le détail: "On savait qu’on avait 11% de plus de morts avec l’hydroxychloroquine lorsque qu’on la donnait à des patients qui avaient le Covid. Et cette étude met un chiffre, une estimation, du nombre de patients que ça représente mais c’est très sous estimé parce que c’est que les morts hospitaliers pendant la première vague donc jusqu’en juillet 2020. Il n’y a pas l’Inde et le Brésil qui sont des précepteurs massif de l’hydroxychloroquine. Donc le chiffre de 17.000 est faux, il est probablement beaucoup plus important ", explique-t-il.
Selon lui, plus de 100.000 décès supplémentaires seraient imputables à l'utilisation de l'hydroxychloroquine lors de la crise du Covid.