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Crise de l'hôpital: les soignants pas convaincus par les annonces de Brigitte Bourguignon

Brigitte Bourguignon, la ministre de la Santé, a annoncé le doublement des heures supplémentaires pour les soignants. Mais les principaux intéressés assurent que le problème de l'hôpital n'est pas salarial et demandent plus de personnel.

Ni cris de joie, ni hourras. À l'annonce par la ministre de la Santé Brigitte Bourguignon d'une meilleure rémunération des heures supplémentaires, les soignants sont restés de marbre. "Notre première revendication, elle n’est pas salariale", assure à RMC Raphaël Clere-Jehl, médecin réanimateur à l'hôpital de Strasbourg.

Lors d'une intervention devant un congrès d'urgentistes ce mercredi à Paris, Brigitte Bourguignon a promis que les heures supplémentaires allaient être payées double. Mais les soignants veulent tout autre chose. "On veut faire notre métier dans de meilleures conditions pour les patients et aussi pour arrêter d’aller au travail dans la souffrance. On est épuisés", ajoute-t-il.

Ce qu'il faut, c'est plus de personnel et la hausse des rémunérations ne va rien y changer, explique Geoffroy Rousseau, médecin urgentiste au CHU de Tours: "Cela ne va pas nous faire travailler plus, on a déjà nos plannings qui sont 'overbookés', on ne peut pas travailler davantage de ce que l’on fait déjà".

Bientôt des infirmiers pas encore diplômés?

Il n'y aura donc pas plus de médecins, mais qu'en est-il des personnels paramédicaux? Brigitte Bourguignon, veut permettre aux étudiants infirmiers de travailler avant même leur remise de diplôme pour limiter la casse cet été. Une mesure qui ne convainc pas Justin, infirmière aux urgences d'un hôpital près de Saint-Etienne.

"Si on fait travailler des personnels en tant qu’infirmiers mais qu’au final, ils n’ont pas le diplôme, on fera travailler des personnes qui n’auront pas les capacités d’être infirmiers. Donc les patients seront soignés par des gens qui ne seront pas infirmiers", assure-t-il.

Autre annonce de la ministre de la Santé, les soignants retraités "volontaires pour reprendre une activité" cet été bénéficieront pour leur part de "facilités de cumul avec leur pension de retraite". Les soignants, eux, demandent à l’unisson une réforme en profondeur de l’hôpital public.

Anna Huot (avec G.D.)