"Des vies sont en jeu": inquiétudes en France où Trump veut faire détruire des stocks de contraceptifs

Un stock important de contraceptifs (pilules, implants, stérilets) financés par les Etats-Unis doit être détruit sur le sol français à la demande de l'administration de Donald Trump. La nouvelle suscite la polémique et pousse notamment Charles Dallara, petit-fils de Lucien Neuwirth, le "père de la pilule", à prendre la parole.
L'homme a écrit à Emmanuel Macron pour lui demander d'intervenir et d'empêcher cette destruction massive de produits médicaux, actuellement stockés dans un entrepôt belge.
"C'est inconcevable. Au-delà de la contraception, ce que je défends et ce qu'a défendu mon grand-père, c'est le droit donné aux femmes de choisir d'avoir la maîtrise de son corps et c'est ça qui est remis en question", lance-t-il dans Apolline Matin.
Il estime en outre que la France a encore son mot à dire et que le pays est "encore regardé et écouté" en termes d'idées.
"Des vies en jeu"
Cette décision de Donald Trump répond à la volonté d'interrompre les programmes humanitaires américains qui auraient dû envoyer ces contraceptifs sur le continent africain. Au total, on dénombre près de 8 millions d'euros de marchandises.
En lien étroit avec la présidente du Planning Familial, Charles Dallara estime qu'il leur est seulement possible de "faire du bruit". Une pétition a été lancée sur le site de la structure.
Pour le petit-fils du père de la pilule, c'est surtout Emmanuel Macron qui possède une marge de manoeuvre. "Je pense qu'il a le pouvoir, via un décret d'interdire la destruction de matériel contraceptif non périmé", affirme-t-il.
"Je lui demande d'appliquer ce pouvoir-là, pour que la France dise non et qu'elle tente de récupérer ce matériel pour en faire le meilleur usage possible via les ONG pour que les femmes puissent en profiter. Ce sont des vies qui sont en jeu", lance Charles Dallara.
Le silence de l'Elysée
Après l'annonce de l'administration Trump, plusieurs ONG ont proposé de récupérer ces stocks et de prendre en charge les frais de distribution de ces pilules. Mais, outre-Atlantique, la Maison-Blanche n'a rien voulu entendre.
Alors, Emmanuel Macron semble être le plus apte à confronter le président américain, selon Charles Dallara. À ce jour, il n'avait pas reçu de réponse à sa missive adressée à l'Elysée.
Sur France Inter, la députée socialiste Céline Thiébault-Martinez avait déclaré ce jeudi que le mutisme de la France dans ce dossier impliquerait pour le pays de "perdre en crédibilité auprès des femmes".
"Je rappelle que le président a gravé l'avortement dans la Constitution. Un an après, il est question de détruire des contraceptifs ? Ça n'a pas de sens", ajoute Charles Dallara, qui entend défendre aussi bien l'héritage de son grand père que celui de Simone Veil.
De son côté, le ministère de la Santé a déclaré à l'AFP vouloir "trouver une solution pour éviter la destruction" de cette marchandise. Elle assure que "la défense des droits sexuels et reproductifs fait partie des priorités de la politique étrangère de la France".
La Belgique a quant à elle engagé "des démarches diplomatiques" auprès de l'ambassade des Etats-Unis et cherche "des solutions de relocalisation temporaires".