Épidémiologistes et médecins vent debout contre l'amorce d'un déconfinement prématuré

Le gouvernement s’apprête à débuter le déconfinement tant attendu après six mois de restrictions sanitaires. Mais les épidémiologistes multiplient les messages d'alertes: attention à ne pas relâcher la pression trop vite, la situation est encore extrêmement fragile ! Dans les hôpitaux d'abord, la situation est plus que tendue. Avec environ 6000 patients en réanimations, il est beaucoup trop tôt pour crier victoire pour Jean-François Timsit, chef du service de réanimation de l'hôpital Bichat.
"Nos services sont archis-complets en soins critiques avec l'impossibilité de faire de la chirurgie programmée et d'opérer les gens, un niveau de soin critique deux fois supérieur à ce qui est prévu et cela avec une perspective de désengorgement qui ne peut pas arriver avant un mois", déplore-t-il.
Un déconfinement au même niveau que le confinement
L'épidémie est loin d'être sous contrôle. Et la décrue des contaminations sera lente prévient Pascal Crépey, chercheur à l'École des hautes études en santé publique: "Ce qui s'annonce c'est une pente vraiment douce. Ces mesures vont commencer à se relâcher quand on sera à un niveau de circulation du virus encore très élevé malheureusement". D’autant plus que le pays est confiné depuis un mois à l’époque où l’on recensait environ 30.000 cas par jour et pourrait être déconfiné à … 30.000 cas par jour.
Si les restrictions sanitaires peinent à améliorer la situation, l'espoir du gouvernement repose sur la vaccination. Mais là encore, il faudra être patient selon Olivier Bouchaud, épidémiologiste à Bobigny: "Avant d'imaginer que l'immunisation naturelle et par vaccin puisse éventuellement avoir un effet, je l'envisagerai sur une question de mois plutôt que de semaines". En espérant que les variants ne viennent pas compliquer encore un peu plus la donne. On recensait au 20 avril plus de 13 millions de Français ayant reçu une première dose et 5 millions d'entre eux les deux.
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