RMC
Santé

Grève des internes: "On a besoin de nous pour faire tourner les hôpitaux"

placeholder video
Les étudiants en médecine en internat sont appelés à la grève ce vendredi. Ils réclament une augmentation de salaire, une indemnité de logement indexée sur les loyers, ou encore un décompte strict de leur temps de travail.

Les internes en médecine sont appelés à la grève ce vendredi. En cause, leurs salaires et conditions de travail, alors même que l'hôpital public est déjà en souffrance avec le "bras de fer", selon les mots d'Élisabeth Borne jeudi, sur le plafonnement de la rémunération de l'intérim médical.

Leurs revendications: une augmentation de 300 euros par mois, une indemnité de logement indexée sur les loyers, ou encore un décompte strict de leur temps de travail.

Olivia Fraigneau, présidente de l’Intersyndicale nationale des internes, est partagée entre colère et désarroi.

“On est inquiet pour notre avenir et pour les patients parce qu’aujourd’hui, quand on est interne, on travaille 60 heures par semaine. Un quart d’entre nous a des pensées suicidaires, deux-tiers sont en burn-out… Sans les internes, les hôpitaux ne peuvent pas tourner. Seulement, il va falloir arrêter de jouer sur les deux tableaux. Soit on est des professionnels de santé indispensables, on a besoin de nous pour faire tourner les hôpitaux et on nous considère comme tels. Soit on ne l’est pas et on arrête de bafouer nos droits, on arrête d’exiger de nous qu’on soit des professionnels à part entière et on fait de nous des étudiants, comme ils essaient de faire croire qu’on est”, appuie-t-elle.

Une pénurie d'intérimaires

En marge d'un déplacement à Epernay le ministre de la Santé, François Braun a estimé que la revendication des internes est "juste".

"Ils ont des revendications salariales, c'est une chose, mais je crois qu'ils ont (aussi) une revendication juste, qui est d'être bien traités dans les établissements, de ne pas faire des heures complètement démentielles", a déclaré François Braun lors d'un déplacement à l'hôpital.

La date n'a pas été choisie au hasard: ce vendredi sera le dernier jour de stage pour les internes, qui changent de service chaque semestre. Avec l'espoir d'un mouvement plus suivi que d'ordinaire, leurs grèves étant souvent plus symboliques que visibles. Seront-ils entendus? Le contexte leur en donne l'occasion, à l'orée d'un week-end prolongé du 1er mai à haut risque, pour cause de pénurie d'intérimaires.

En effet, le tour de vis sur les tarifs de ces médecins remplaçants, plafonnés à 1.390 euros bruts pour 24 heures de travail, entraîne depuis bientôt un mois des fermetures de services, totales ou partielles, dans des dizaines d'hôpitaux publics. De quoi mettre l'accent sur le rôle des internes, qui "représentent jusqu'à 40% des effectifs médicaux" dans certains établissements, comme le rappelle l'Isni.

Caroline Philippe avec AFP